Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
Poèmes contemporainsdu «Sanglot de la Terre»
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MÉMENTOSonnet triste
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À Jean Richepin, auteur de «Frère, il faut vivre.» Frère il faut mourir.
Depuis l'Éternité jusqu'à l'Éternité,Le tourbillonnement universel des mondes,Enchevêtrant, muet, ses [.......] vagabondes,Crible d'oasis d'or le noir illimité.
Partout de lourds soleils avec solennitéRoulent irradiant leurs effluves fécondesPour retourner, éteints, aux ténèbres profondes.Et la Mère sourit en sa sérénité.
Là-bas.., là-bas.., pourtant, pèlerin solitaireDu vide sans échos à tout jamais béant,Râle un globe gelé. Ce globe, c'est toi, Terre!
Or, comme tout est seul, que tout sombre au néant,Que nul témoin ne rêve au fond des bleus abîmes,Dissous-toi, bloc sublime, en cendres anonymes.
Jules Laforgue – Mouni.27 septembre 18[79]. |