Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
Poèmes contemporainsdu «Sanglot de la Terre»
|
|
___________________________________________________________
|
|
MÉDITATION GRISÂTRE
――――――
Sous le ciel pluvieux noyé de brumes sales,Devant l'Océan blême, assis sur un ilôt,Seul, loin de tout, je songe au clapotis du flot,Dans le concert hurlant des mourantes rafales.
Crinière échevelée ainsi que des cavales,Les vagues se tordant arrivent au galopEt croulent à mes pieds avec de longs sanglotsQu'emporte la tourmente aux haleines brutales.
Partout le grand ciel gris, le brouillard et la mer,Rien que l'affolement des vents balayant l'air.Plus d'heures, plus d'humains, et solitaire, morne,
Je reste là, perdu dans l'horizon lointain,Et songe que l'Espace est sans borne, sans borne,Et que le Temps n'aura jamais ... jamais de fin. |