Jules Laforgue
1860 - 1887
Le Sanglot de la terre
4° RÉSIGNATIONS INFINIES
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[CRÉPUSCULE DE DIMANCHE D'ÉTÉ]CRÉPUSCULE DE JUILLET(Sonnet)
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Comme la vie est triste, incurablement triste.Les jours s'en vont, s'en vont et ne reviendront plus.Et que j'en ai perdu, moi, depuis que j'existeDans la nuit sans retour des siècles révolus!Oh! prodigue! vingt ans! huit mille jours! que d'heures!Que de tours de cadran l'aiguille a dévoré!Et ces heures d'enfant qu'en ce moment tu pleuresEt que tu dédaignas dans l'espoir de meilleuresTueront les quelques jours qui te sont mesurés.Dieu! Dieu! l'Eternité coule vaste et sereine,Pourtant ma tombe est là, baillant sur mon chemin,Là, là! – Je ne veux pas! Je glisse! tout m'entraîne!Où me retenir? Dieu! Si c'était pour demain!Oh! la nuit, mes cheveux se glacent sur ma tête!Moi mourir! Moi, pourrir sans nom, fétide engrais!Et la Terre et les Cieux, toute la vie en fête,Sans savoir que je fus le Coeur de ma planèteAimeront, grouilleront, souffriront à jamais! |