BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Walter Benjamin

1892 - 1940

 

Charles Baudelaire,

Tableaux Parisiens

 

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[54]

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,

Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,

Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.

Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,

Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,

Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,

Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,

A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,

Tandis que, dévorés de noires songeries,

Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,

Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,

Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver

Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille

Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

 

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,

Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,

Si, par une nuit bleue et froide de décembre,

Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,

Grave, et venant du fond de son lit éternel

Couver l'enfant grandi de son œil maternel,

Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,

Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?

 

 

 

[55]

Die Schaffnerin voller Geduld die dein Argwohn betraf

Und die unterm dürftigen Rasen nun schlummert den Schlaf

Weißt du es nicht daß wir ihr Blumen schulden?

Schwer müssen all die armen Toten dulden

Und führt Oktober mit dem Blätterhauf

Trostlose Reigen auf den Gräbern auf

Wie sollten sie nicht herzlos schelten können

Die Lebenden die sich den Schlummer gönnen

Wenn sie in ihrer schwarzen Grübelnacht

In der kein Buhle und kein Zuspruch wacht

Den Wurm an ihren alten Knochen fühlen

Und Wasser die den Winterschnee verspülen

Und durch das Säkulum das hingeht flattern

Trotz Freund- und Sippschaft Fetzen an den Gattern.

 

Käme einst spät wenn die Holzglut sich neigt

Sie die sich still ihren Platz sucht und schweigt

Wenn im blauen Nachtfrost der Winterwende

Ich im Eck meines Zimmers gekauert sie fände

Die ernst ihr ewiges Bette verlassen

Das Kind das heranwuchs im Blick zu umfassen

Was könnt ich der armen Seele erwidern

Wenn ich weinen sie sähe aus hohlen Lidern?