BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Walter Benjamin

1892 - 1940

 

Charles Baudelaire,

Tableaux Parisiens

 

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[2]

PAYSAGE

 

Je veux, pour composer chastement mes églogues,

Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,

Et, voisin des clochers, écouter en rêvant

Leurs hymnes solennels emportés par le vent.

Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,

Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;

Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,

Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.

 

Il est doux, à travers les brumes, de voir naître

L'étoil{e} dans l'azur, la lampe à la fenêtre,

Les fleuves de charbon monter au firmament

Et la lune verser son pâle enchantement.

Je verrai les printemps, les étés, les automnes;

Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,

Je fermerai partout portières et volets

Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.

Alors je rêverai des horizons bleuâtres,

Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,

Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,

Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.

L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,

Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;

Car je serai plongé dans cette volupté

D'évoquer le Printemps avec ma volonté,

De tirer un soleil de mon cœur, et de faire

De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

 

 

 

[3]

LANDSCHAFT

 

Ich will um meinen Strophenbau zu läutern

Dicht unterm Himmel ruhn gleich Sternedeutern

Daß meine Türme ans verträumte Ohr

Mit dem Winde mir senden den Glockenchor.

Dann werd ich vom Sims meiner luftigen Kammer

Überm Werkvolk wie's schwätzet und singet beim Hammer

Auf Turm und Schlot, die Masten von Paris

Und die Himmel hinaussehn, mein Traumparadies.

 

Wie schön ist das Erglühn aus Nebelschwaden

Des Sterns im späten Blau, des Lichts in den Fassaden

Der Kohlenströme Flössen übers Firmament

Und wie das Land im Mondlicht fahl entbrennt.

Mir wird der Lenz der Sommer und das Spätjahr hier sich zeigen

Doch vor dem weissen winterlichen Reigen

Zieh ich den Vorhang zu und schließe den Verschlag

Und baue in der Nacht an meinem Feenhag.

Dann werden blaue Horizonte sich erschließen

Und weinend im Boskett Fontänen überfließen

Dann wird in Küssen und im Vogellied

Der Geist der Kindheit sein der durch Idyllen zieht.

Mag gegen's Fensterglas sich ein Orkan verschwenden

Ich werde nicht die Stirn von meinem Pulte wenden;

Denn höchst gebannt in meine Leidenschaft

Ruf ich den Lenz herauf aus eigner Kraft

Und kann mein Herz zu Strahlen werden sehen

Und meines Denkens Glut zu lindem Wehen.