Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
Poèmes contemporainsdu «Sanglot de la Terre»
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MOEURS
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Ô virtuosités à deux et, vrai! si seules,Êtes-vous bien la clef des havres de l'Oubli?Ou nous faut-il tourner à mort la grise meuleDes froments pour l'Hostie à qui Dieu fait la gueuleEn coeur? Errer jusqu'à l'octroi des Ramollis?...
Donc, aux abois, du fond des raides léthargies,Sous ces yeux bovins, morts en pièces de cent sous,L'âme alitée absout l'heure et se réfugie,De bonne foi, dans des passés dont la vigieNe croit plus d'ailleurs aux «Soeur Anne, où êtes-vous?»
Le bien-être des sens d'un coeur frais par lui-mêmeN'était pas fait pour nous, voilà le vrai du vrai.Qui sait pourtant si quelque étourdissant Je t'aimeN'eût pas redrapé net nos langes de baptême!Nous n'attendions que ça; ce n'est pas un secret.
Rentrez, petits Hamlets, dans les bercails licites;Poussez, du bout de l'escarpin verni vainqueur,Ces heures; circulez, ayez l'air en visite,Voyez âme qui vive, exultez! Tout haut, dites:Sursum corda! et tout bas: Ah! oui, haut-le-coeur! |