Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
Poèmes contemporainsdu «Sanglot de la Terre»
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SPLEEN DES NUITSDE JUILLET
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Les jardins de rosiers mouillés de clair de luneFont des rumeurs de soie, aux langueurs des jets d'eauRuisselant frais sur les rondeurs vertes des dosContournés de tritons aspergeant un Neptune.
Aux berges, sous des noirs touffus, où des citronsVoudraient être meurtris des lunaires caresses,Des Vierges dorment, se baignent, défont leurs tresses,Ou par les prés, les corps au vent, dansent en rond.
D'autres, l'écume aux dents, vont déchirant leurs voiles,Pleurant, griffant leurs corps fiévreux, pleins deSaccageant les rosiers et mordant les gazons, frissons,Puis, rient ainsi que des folles, vers les étoiles.
Et d'autres, sur le dos, des fleurs pour oreillers,Râlent de petits cris d'épuisantes délices;Sur leurs seins durs et chauds, leurs ventres et leurs cuisses,Effeuillent en rêvant des pétales mouillés,
Des blancheur se cherchant s'agrafent puis s'implorent,Roulant sous les buissons ensanglantés de houxD'où montent des sanglots aigus mourants et doux,Et des halètements irrassasiés, encore...
Ah! spleen des nuits d'été! Universel soupir,Miséréré des vents, couchants mortels d'automne;Depuis l'éternité ma plainte monotoneChante le Bienaimé qui ne veut pas venir!
Ô Bienaimé! il n'est plus temps, mon coeur se crèveEt trop pour t'en vouloir, mais j'ai tant sangloté,Vois-tu, que seul m'est doux le spleen des nuits d'été,Des nuits longues où tout est frais, comme un grand rêve... |