Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
Poèmes contemporainsdu «Sanglot de la Terre»
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MADRIGAL
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Oui, la Vie est pour vous un chemin triomphal.Mais, qui sait des Destins les marches éternelles?Riche, aimée à genoux, belle entre les plus belles,Ce soir, peut-être, après les fièvres du bal,
Vous sentirez la mort dans un frisson fatal;Et votre blond cadavre aux vitreuses prunellesIra pourrir dans son doux linceul de dentelles,Puis, se perdre, anonyme, au tourbillon vital.
Or, qui sait? votre coeur ira fleurir, peut-être,L'oeillet qu'une ouvrière arrose à sa fenêtre.Et cet oeillet, un soir, vendu sur le trottoir,
Celui qui maintenant vous roucoule: «Ô mon âme!»L'offrira dans des louis à quelque fille infâme...– Et vous les entendrez gémir, dans le boudoir. |