Jules Laforgue
1860 – 1887
Le Sanglot de la terre
5° SPLEEN
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[SPLEEN]LES SPLEENS EXCEPTIONNELS
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Heureux celui qui l'âme et la chair bien d'accord,À son gré, n'importe où, soûle, amuse sa bête!Pourquoi ne puis-je, moi, traverser une fête,Aimer, avoir bon coeur, vivre enfin sans remords?
Je sais que nul ne voit la chute ni l'essor,Et qu'on est seul, et qu'on peut tout! Qui donc m'arrêteDevant ces noirs opiums dont la rancoeur hébète,Et qui stupéfieraient mes terreurs de la Mort.
Ah bien des jours de spleen, de ces jours roux d'automne,Où tout pleure d'ennui dans le vent monotone,M'ont chassé de ma chambre! – à la fin, décidé
À m'en aller croupir sur ses seins et ses cuissesD'une catin géante, aux chairs ointes d'épicesQui me bercerait comme un pauvre enfant vidé. |