Jules Laforgue
1860 - 1887
Le Sanglot de la terre
4° RÉSIGNATIONS INFINIES
|
|
___________________________________________________________
|
|
APOTHÉOSE
――――――
En tous sens, à jamais, le Silence fourmilleDe grappes d'astres d'or mêlant leurs tournoiements.On dirait des jardins sablés de diamants,Mais, chacun, morne et très-solitaire, scintille.
Or, là-bas, dans ce coin inconnu, qui pétilleD'un sillon de rubis mélancoliquement,Tremblotte une étincelle au doux clignotement:Patriarche éclaireur conduisant sa famille,
Sa famille: un essaim de globes lourds fleuris.Et sur l'un, c'est la terre, un point jaune, Paris,Où, pendue, une lampe, un pauvre fou qui veille:
Dans l'ordre universel, frêle, unique merveille.Il en est le miroir d'un jour et le connaît,Il y rêve longtemps, puis en fait un sonnet. |