Jules Laforgue
1860 - 1887
Le Sanglot de la terre
2° ANGOISSES
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CRÉPUSCULEDE DIMANCHE D'ÉTÉ
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Une belle journée, un calme crépusculeDans l'odeur des rôtis les promeneurs heureuxRentrent, sans se douter que tout est ridicule,Et fouettent du mouchoir leurs beaux souliers poudreux.
Ah! banale rancoeur de notre farce humaine!Aujourd'hui, jour de fête et gaieté des faubourgs,Demain le dur travail, pour toute la semaine.Puis fête, puis travail, fête... travail... toujours.
Par l'azur tendre et fin tournoient les hirondellesDont je traduis pour moi les mille petits cris,Et peu à peu je songe aux choses éternelles,Au-dessus des rumeurs stupides de Paris.
Oh! tout là-bas, là-bas... par la nuit du mystère,Où donc es-tu (depuis tant d'astres!) à présent...Ô trombe chaotique, ô Nébuleuse-mère,Dont sortit le Soleil, notre père puissant?
Où sont tous les soleils qui, sur ta longue routeBondirent, radieux, de tes flancs jamais las?Ah! ces frères du nôtre, ils sont heureux sans doute!Et nous ont oubliés! ou ne nous savent pas.
Comme nous sommes seuls, pourtant, sur notre Terre,Avec notre infini, nos misères, nos dieux,Abandonnés de tout, sans amour et sans Père,Seuls dans l'affolement universel des Cieux!
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