Jules Laforgue
1860 - 1887
Le Sanglot de la terre
2° ANGOISSES
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[LE SPHINX]À LA MÉMOIRE D'UNE CHATTENAINE QUE J'AVAIS
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Ô mon beau chat frileux, quand l'automne moroseFaisait glapir plus fort les mômes dans les cours,Combien passâmes-nous de ces spleeniques joursÀ rêver face à face en ma chambre bien close.
Lissant ton poil soyeux de ta langue âpre et roseTrop grave pour les jeux d'autrefois et les tours,Lentement tu venais de ton pas de veloursDevant moi t'allonger en quelque noble pose.
Et je songeais, perdu dans tes prunelles d'or– Il ne soupçonne rien, non, du globe stupideQui l'emporte avec moi tout au travers du Vide,
Rien des Astres lointains, des Dieux ni de la Mort?Pourtant!... quels yeux profonds!... parfois... il m'intimideSaurait-il donc le mot? – Non, c'est le Sphinx encor. |