Jules Laforgue
1860 - 1887
Le Sanglot de la terre
1° LAMASABACKTANI
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DEVANT LA GRANDE ROSACE EN VITRAIL,À NOTRE-DAME DE PARIS
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Cupio dissolvi et esse cum Christo.
Oh! l'orgue solennel entonneL'Alleluia du dernier jour!La grande Rosace octogonePlus douloureusement rayonneD'adoration et d'amour.
Avalanches de roses pâles,Et de lis tièdes de langueur,Déluge éternel de pétales,Encens, musiques triomphales,Prenez, broyez mon coeur, mon Coeur!
Je suis le Parfum du martyre,L'Amour sans chair, sans but, l'ardeur!Je veux baigner mon Coeur de myrrhe,Je veux pleurer, saigner, sourire,Et puis me fondre de pudeur.
Vêtus d'ineffable et d'extase,Diaphanes et fulgurants,Les Martyrs que l'Amour embrase,Au sein de gloires de topaze,Frêle, m'ont pris dans leurs torrents
Gloire! Douleur! Douleur! Encore!Et devant les Tristes des cieux,Dont la chair blême s'évapore,Les Portes d'azur et d'auroreVolent sur leurs gonds furieux!
Alléluia! Douceur! Faiblesse!Spasme universel sans retour!Fouettés d'ouragans d'allégresse,Se nouent et se dénouent sans cesseLes Soleils, défaillant d'amour!
Et, seul, le grand Sanglot des chosesRoule, lointain, répercutéÀ travers les apothéosesDes Sphères fraîchement écloses.Aux Échos de l'Éternité!
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