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Acte premier.
Scène I.
Gallas, Isolan, Buttler, Tersky, Illo, autres généraux et officiers de l'armée de Wallstein.
Buttler.
Il est donc arrivé, ce ministre perfide!
Parmi nous, dans nos camps, quel intérêt le guide?
Quel ordre de la cour nous vient-il apporter?
Contre Wallstein et nous qu' ose-t-on méditer?
De prêtres entouré, Ferdinand nous dédaigne. 2)
Il gouverne pour eux, quand c'est par nous qu' il règne.
Wallstein, aux murs d'Égra rassemblant ses guerriers, 3)
Nous accorde un repos qu' ombragent nos lauriers.
Si l'obscur citoyen murmure et s'en offense,
C'est pour nous que Wallstein affronte sa vengeance:
Quand seul il nous protège, on veut nous l'enlever!
Tersky.
Au prix de notre sang, il le faut conserver.
Eh quoi! De tous côtés les ennemis nous pressent.
Jusques sous nos remparts les saxons reparaissent.
Si Gustave à Lutzen a reçu le trépas, 4)
Rassemblant après lui ses valeureux soldats,
Bannier *), digne héritier de son puissant génie, 5)
À son roi qui n'est plus soumet la Germanie. 6)
Richelieu, contre nous conspirant aujourd'hui, 7)
Aux protestans ligués a promis son appui.
De nos anciens exploits Wallstein défend la gloire.
Sous nos heureux drapeaux il retient la victoire.
Ce chef, que Ferdinand regarde en ennemi,
Sur son trône ébranlé l'a deux fois raffermi. 8)
Illo.
Jadis, à son nom seul, les braves accoururent.
Réchauffés par sa voix, les vétérans parurent.
Près de lui, des Danois abjurant les drapeaux,
Se rangèrent soudain d'innombrables héros.
Monarque trop ingrat! Jaloux de sa fortune,
Tu voulus en voiler la splendeur importune.
Par ton ordre, à Wallstein le pouvoir fut ravi. 9)
Tu désarmas le bras qui t'avait trop servi.
À ton sceptre aussitôt tes états échappèrent.
Les suédois partout contre toi s'avancèrent,
Et l'on te vit alors, par l'ennemi pressé,
Supplier à genoux le héros offensé. 10)
Sa valeur vainement ne fut point implorée.
Il rend à Ferdinand l'Autriche délivrée,
Et Ferdinand prépare, en ses lâches projets,
De nouveaux attentats pour de nouveaux bienfaits.
Buttler.
Après tout, Ferdinand jamais ne fut mon maître.
Au sein de ses états il ne m'a point vu naître.
Cette épée, à mon bras fidèle en tout pays,
M'a conduit pas à pas jusqu' au poste où je suis.
Des rochers de l'Écosse aux champs de la Bavière, 11)
Je me suis frayé seul ma sanglante carrière.
Je puis à mes exploits rapporter mes honneurs.
Je dois tout à ce fer, rien à vos Empereurs.
Tersky
à Buttler.
Oui, mais sans notre duc, votre valeur insigne
N'aurait jamais conquis le rang dont elle est digne,
Buttler: de Ferdinand qu' auriez-vous obtenu?
Vous languiriez encor, obscur et méconnu.
Wallstein, en vous créant l'un des chefs de l'armée,
Met votre rang de pair à votre renommée.
L'Empereur hésitait. Wallstein vous a nommé.
Son choix...
Buttler.
Ce choix encor ne s'est pas confirmé:
La cour tarde long-tems à l'approuver.
Tersky.
Sans doute.
Wallstein vous récompense et la cour vous redoute:
C'est notre sort commun. Sans son bras protecteur,
Comme il faudrait plier sous leur joug oppresseur!
Mais qu' importe en nos camps leur haine ou leur caprice?
Le duc a le pouvoir de vous rendre justice. 12)
C'est le premier des droits qu' il s'est fait accorder.
Illo.
C'est le dernier des droits qu' il consente à céder.
Amis! Que de pouvoir, que d'honneurs, d'opulence,
De vos nombreux exploits seraient la récompense,
Si d'un monarque avare, élevé loin des camps,
Wallstein ne redoutait les perfides agens!
Mais à Vienne on s'étonne, on marchande, et l'envie
Calcule froidement ce que vaut notre vie.
Tersky.
On dit que Géraldin vient pour examiner
Ce qu' à ses lieutenans Wallstein a pu donner.
Isolan.
Quel est ce Géraldin? Que veut-il? à quel titre
Ferdinand de nos droits l'a-t-il rendu l'arbitre?
Et pourquoi son arrêt, par nous trop respecté...
Gallas.
Du monarque lui-même il est fort écouté.
Si des armes toujours il ignora l'usage,
Il a fait des conseils un long apprentissage.
Buttler.
J'entends. C'est un mortel nourri dans le repos,
Qui se traîne en rampant sur les pas des héros,
Vient cueillir sans danger le fruit de leur victoire,
Dérober leurs trésors, et profaner leur gloire,
En crimes supposés transformer leurs exploits,
Et jusques dans les camps dicter d'injustes lois.
Illo
à Gallas,
d'un ton qui laisse percer quelque défiance.
Vous qu' unit à Wallstein une amitié si tendre,
Comte, à cet envoyé daignez donc faire entendre
Qu'on ne peut sans péril outrager aujourd'hui
Le chef qui nous commande et qui nous sert d'appui.
Vous saurez adoucir cet austère langage.
Vous avez de la cour un assez long usage.
Vous y comptez, dit-on, des protecteurs nombreux.
Votre rang, votre nom, l'éclat de vos aïeux,
Vos dignités, votre âge, enfin tout vous confère
Auprès de Géraldin un pouvoir salutaire.
Gallas.
Sans doute il va paraître, et je l'attends ici.
Je dois lui parler seul: Wallstein le veut ainsi.
J'accepte avec regret cette tâche importune:
Mais, vous le savez tous, notre cause est commune.
Le voici: laissez-nous. Bientôt vous reviendrez:
Je saurai ses desseins, et vous les apprendrez.
Tous les généraux se retirent, excepté Gallas. Celui-ci attend Géraldin, qui a paru dans l'enfoncement.
Scène II.
Gallas, Géraldin.
Géraldin.
Eh bien! Digne soutien d'un prince qui vous aime,
Vous notre appui secret, dans ce péril extrême,
C'est en vous que la cour a placé son espoir.
L'Empereur, par ma voix, vous transmet son pouvoir.
Il faut perdre un rebelle et préserver l'empire.
Vous nous l'avez promis: c'est à vous de m'instruire.
L'audacieux Wallstein est prêt à l'emporter.
Au milieu de sa course il le faut arrêter.
Quels moyens avons-nous?
Gallas.
En voyant sa puissance,
Et son adroite audace, et sa rare vaillance,
Et ses soldats, brûlant d'une avide fureur,
Mon coeur, je l'avoûrai, craint tout pour l'Empereur.
Wallstein traîne à sa suite une foule égarée,
De richesse, d'orgueil et de sang enivrée,
Qui ne vit que pour lui, n'écoute que sa voix,
Contemple en lui son père et son chef à la fois,
Dont au moindre signal la prompte obéissance
Exécute son ordre et souvent le devance,
Dont la fierté, nourrie en seize ans de combats,
Dédaigne un Empereur qu' elle ne connaît pas.
Géraldin.
Ah! Malheur à l'état qui dans son imprudence
Au bras armé pour lui remet sa confiance!
Jour funeste où ma voix, implorant sa valeur,
Mit aux pieds d'un soldat l'empire et l'Empereur!
Dès lors, de son orgueil démêlant l'artifice,
Je vis que sous nos pas s'ouvrait un précipice.
Mais Tilly n'était plus. Ses compagnons blessés, 13)
Par Gustave aussitôt nos bataillons pressés,
La Saxe contre nous avec lui conjurée,
Munich pris, la Bavière à la flamme livrée,
En ce péril affreux, qui pouvait hésiter!
Nous reçûmes la loi qu' il nous voulut dicter.
Ferdinand lui cédant l'autorité suprême,
Déposa dans ses mains les droits du diadême:
Il dispose des rangs, des honneurs, des emplois,
Et tout dans cette armée est soumis à ses lois.
Cependant, quand je vois quels sont les satellites
Sur qui s'est appuyé son pouvoir sans limites,
L'espérance en mon coeur semble se ranimer.
Par ses propres soutiens il le faut opprimer.
Ses choix sont illégaux, ses dons sont éphémères:
Vienne révoquera des faveurs passagères.
Ainsi, les alarmant sur leur propre destin,
Sachons les attirer...
Gallas.
Vous l'espérez en vain.
Par un art merveilleux Wallstein retient ensemble
Les élémens confus que son génie assemble.
Je ne vous parle point des immenses bienfaits
Qu'il prodigue aux appuis de ses vastes succès.
Mais du moindre soldat il connaît la patrie,
L'âge, le nom, le rang, l'origine, la vie. 14)
Tel, près de lui jadis blessé par les Danois,
S'entend, après dix ans, louer de ses exploits;
Tel autre, déserteur des drapeaux de Gustave,
Par lui des suédois est nommé le plus brave.
Son oeil aperçoit tout. Rien n'échappe à ses soins;
Il sait de ses guerriers les voeux et les besoins.
On dirait qu' il devine, et que leurs habitudes
Furent l'objet constant de ses sollicitudes;
Ou que, de chacun d'eux empressé confident,
Par leurs propres aveux il apprit leur penchant.
Murray, dans les combats, n'aime que le pillage:
Wallstein prodigue l'or à ce vénal courage,
Isolan dans l'amour concentre ses désirs,
Et l'indulgent Wallstein pardonne à ses plaisirs.
Buttler est orgueilleux bien plus qu' il n'est avide,
Et vers les dignités le duc lui sert de guide.
De lui, malgré la cour, il a tout obtenu.
Géraldin.
Plus que vous ne croyez, ce Buttler m'est connu.
Sur les pas de Wallstein l'ambition l'entraîne:
L'ambition pourra l'en détacher sans peine.
Mais poursuivez.
Gallas.
Moi-même, en dépit de ma foi,
J'éprouve trop souvent son ascendant sur moi.
Non qu' il ose, et je crois superflu de le dire,
Par d'indignes trésors prétendre me séduire;
Ou que les titres vains dont il peut disposer,
Éblouissent des yeux faits pour les mépriser;
Mais de son amitié me poursuivant sans cesse,
M'accablant malgré moi du poids de sa tendresse,
Redoublant pour me plaire et de zèle et d'efforts,
Dans mon ame troublée il porte le remords.
Géraldin.
Bannissez loin de vous ces craintes insensées.
D'un frivole remords détournez vos pensées:
De l'état menacé ne trompez pas l'espoir:
Servir son Empereur est le premier devoir.
Gallas.
Je le sais. Je remplis ce devoir difficile.
Je dompte, en rougissant, un scrupule indocile.
Mais souvent, en secret, mon coeur, mal affermi,
S'accuse avec horreur de trahir un ami.
Géraldin.
Colloredo nous reste, et je connais son zèle.
Je l'ai vu près d'ici surveillant le rebelle.
Il a peu de soldats, mais leurs coeurs sont à lui.
Il n'attend que mon ordre et marche à notre appui.
De la religion appelons l'entremise.
Wallstein alarme ici les prêtres et l'église.
Il naquit protestant; ils le craindront toujours. 15)
Gallas.
De ces bras impuissans n'espérez nul secours.
Wallstein s'entoure ici de hordes étrangères,
Nos forts sont confiés à leurs mains mercenaires.
Les rangs sont oubliés et les droits confondus,
Les soldats sont trompés et les chefs sont vendus.
Géraldin.
Quel est donc votre espoir?
Gallas.
En cet état funeste
Wallstein contre lui-même est l'appui qui nous reste.
Son esprit, tour-à-tour plein d'audace et d'effroi,
Même en le détrônant, voudroit plaire à son roi.
Son génie inquiet, à lui-même infidèle,
Tout révolté qu' il est, frémit d'être rebelle.
De superstitions son coeur est dévoré. 16)
Souvent, d'un front pensif et d'un oeil égaré,
Des flambeaux de la nuit il suit la marche obscure,
Et veut à lui répondre obliger la nature.
Depuis plus de six mois ses confidens, en vain,
Le pressent de saisir le pouvoir souverain.
Ses indécisions, alarmant la Suède,
Ont empêché Bannier de marcher à son aide.
Feuquière **), qui d'abord a secondé ses voeux, 17)
Le croit de l'Empereur l'agent fallacieux.
Profitez, s'il se peut, de sa longue faiblesse.
Saisissez avec art les instans qu' il vous laisse:
Une illusion vaine a pu le retarder,
Mais à chaque moment il se peut décider.
Hâtez-vous. Plus le duc hésite et temporise,
Plus ses amis ardens pressent leur entreprise.
Par les liens du sang à Wallstein attaché,
Tersky tient à cette heure en son palais caché
Un invisible agent de ce ministre ***) habile, 18)
Qui, remplaçant Gustave en un tems difficile,
Partage les états du germain consterné,
Et dicte ses arrêts à l'empire étonné.
Il a, cette nuit même, envoyé vers Feuquière,
De la part de Wallstein, un secret émissaire.
Wallstein l'ignore encor: mais, pour mieux l'engager,
Le zèle de Tersky provoque le danger,
Sûr, qu' au premier éclat sa fierté menacée,
Du trône, comme abri, saisira la pensée.
J'ai fait ce que j'ai pu. J'expose ici mes jours.
Wallstein avec opprobre en peut trancher le cours.
Je fais bien plus encor: je livre à sa vengeance
Du déclin de mes ans la dernière espérance.
Mon fils, mon cher Alfred, du même coup frappé,
Dans ma perte, avec moi, peut être enveloppé.
Et, trompé par la gloire et l'éclat de son maître,
Périr, en regardant son père comme un traître.
Géraldin.
Quoi! Seigneur! Votre fils ignore vos projets.
Gallas.
Alfred n'est point formé pour de pareils secrets.
Toute duplicité le révolte et l'offense. 19)
Il eût de son mépris payé ma confiance.
Tout doit être, seigneur, pour ce coeur généreux,
Brillant comme le jour, et pur comme les cieux:
J'ai voulu, quelquefois, commencer à l'instruire;
Mais, au premier des mots que ma bouche osait dire,
Son noble étonnement me frappait de respect,
Et l'aveu dans mon coeur rentrait à son aspect.
De Wallstein en ces lieux il ramène la fille.
Le duc loin de la cour rappelle sa famille.
Ferdinand aurait dû, sagement ombrageux,
Retenir près de lui...
On entend derrière le théâtre des décharges d'artillerie.
Regrets infructueux!
Déjà, de la princesse, à la cour enlevée,
L'airain qui retentit annonce l'arrivée.
Thécla paraît avec sa suite au fond du théâtre.
Elle approche. Venez. Cachons à tous les yeux
L'intérêt important qui nous unit tous deux.
Cherchons pour nos secrets un lieu plus solitaire.
Suivez-moi.
Gallas et Géraldin sortent.
Scène III.
Thécla, Élise, Alfred, officiers, soldats.
Thécla
à un officier de sa suite.
Hâtez-vous de prévenir mon père.
Je vais attendre ici ses ordres révérés.
À Élise.
Vous, jusqu' à sa réponse, Élise, demeurez.
La suite de Thécla sort.
Alfred,
après quelques instans de silence.
Eh bien! L'heure fatale est aujourd'hui venue;
Madame, aux lois d'un père, après six mois rendue,
Du malheureux Alfred tout doit vous séparer.
Ah! Contre un doute affreux daignez me rassurer.
Je me retrace en vain, dans ma douleur mortelle,
Cet amour, cette foi, ce coeur noble et fidèle,
Ce coeur, par vos sermens à mon coeur engagé.
Vous gardez le silence, et mon sort est changé.
Thécla.
Rien n'est changé pour vous: Thécla reste la même.
N'êtes-vous plus Alfred? N'est-ce pas vous que j'aime?
Cher Alfred, il est vrai, ces lieux, nouveaux pour moi,
Dans mon esprit tremblant avaient jeté l'effroi.
De ma mère partout l'image retracée
De sa perle, en mon coeur, ranime la pensée.
Hélas! Vous le savez: j'espérais avec vous
La rendre, après six mois, à l'amour d'un époux.
Mais je reviens sans elle, et sa cendre isolée
Peut-être appelle en vain sa fille désolée.
Après un silence.
J'ai cru d'ailleurs ici lire dans tous les yeux
Je ne sais quoi de sombre et de mystérieux.
Mon ame, en contemplant cette foule agitée,
Dans un monde nouveau se sentait transportée.
Pardonnez: mon courage est bientôt revenu,
Alfred est avec moi dans ce monde inconnu.
Alfred.
Thécla, fille du ciel, mon unique espérance,
Thécla, mélange heureux d'amour et d'innocence,
De quel trouble enchanteur ta voix remplit mes sens!
Quel bonheur dans mon sein pénètre à tes accens!
Ah! Comment t'exprimer leur douceur infinie!
Que ne te dois-je pas, ô charme de ma vie!
Dans ce triste univers, sans desseins, sans plaisirs,
Isolé, sombre, en proie à de vagues désirs,
Je m'agitais en vain dans une nuit profonde.
Inquiet, tourmenté, je demandais au monde
Dans quel but, à quoi bon sur la terre jeté,
L'homme errait dans le trouble et dans l'obscurité.
Vous êtes mon espoir, mon bonheur et ma gloire.
C'est pour vous que je veux marcher à la victoire,
Et loin derrière moi laissant tous nos guerriers,
Mériter votre choix, le front ceint de lauriers.
Demain, oui, demain même, abjurant tout mystère,
J'irai, pour mon amour, implorer votre père.
Sans oublier son rang, il peut combler mes voeux.
Des antiques hongrois les rois sont mes aïeux.
De mon père, à la cour, on connaît l'influence.
Du vôtre, s'il le faut, il prendra la défense.
Wallstein a des rivaux. Mais Gallas, en ce jour,
Fidèle à l'amitié, servira mon amour.
Thécla.
Oui, cher Alfred, d'un coeur entraîné, mais timide,
Soyez le protecteur, le conseil et le guide.
En expirant, ma mère a voulu nous unir;
Et sa main défaillante a daigné nous bénir.
Sur sa tombe, avec vous, j'ai répandu des larmes;
Votre voix a calmé l'horreur de mes alarmes.
Au milieu d'étrangers, tremblante, sans secours,
Votre seule pitié pût conserver mes jours.
S'il fallait renoncer à l'amour qui nous lie,
Sans regret, je le sens, je quitterais la vie,
Trop heureuse, en cédant à ce destin jaloux,
De vous avoir aimé, d'avoir vécu pour vous.
Wallstein paraît avec Illo et Tersky au fond du théâtre. Alfred et Thécla se séparent et se rangent aux deux côtés du Théâtre, Thécla avec Élise.
Scène IV.
Les précédens, Wallstein, Illo, Tersky.
Wallstein
à Illo.
Rassemblez mes guerriers: Géraldin va paraître.
Il vient nous apporter les ordres de son maître.
Je veux qu' aux yeux de tous il s'explique en ce jour,
Et l'on pourra juger des projets de la cour.
Illo sort.
Thécla ,
se jetant dans les bras de Wallstein.
Enfin, le sort me rend...
Wallstein ,
en embrassant Thécla.
Trésor de mon vieil âge,
Je te revois! Ta vue est d'un heureux présage!
Ma fille! Mon espoir! Le but de mes travaux!
Je découvre en tes traits mille charmes nouveaux.
Prodigue en ses faveurs, la nature indulgente
Accorde tous ses dons à ta beauté naissante,
Tandis qu' au sein des camps ma prudente valeur
Prépare assidûment ta future grandeur.
Thécla.
Pour mon bonheur encor, que reste-t-il à faire?
Que demander au ciel qui me donne un tel père?
Vous, arbitre des rois, sauveur de Ferdinand,
Vous, que l'état contemple avec étonnement,
Que le peuple chérit, et que la cour révère,
Qui dictez d'un seul mot et la paix et la guerre,
La timide Thécla vous erre dans ses bras.
Seule dans l'univers, Thécla ne vous craint pas.
Wallstein.
Chère Thécla, je veux, sur ta tête innocente,
Placer de mes honneurs la parure éclatante,
Te ceindre des lauriers moissonnés par mon bras...
D'un ton plus sombre.
Si la haine pourtant ne me les ravit pas.
À Alfred.
Tu reviens de la cour, Alfred... on m'y soupçonne...
De mes vils ennemis Ferdinand s'environne...
Par mes persécuteurs il se laisse abuser.
Alfred.
Ma franchise, seigneur, ne peut vous déguiser
Des bruits trop répandus que la haine accrédite.
Il est vrai: contre vous on murmure, on s'irrite.
On contemple à regret votre absolu pouvoir.
Je vous ai défendu. Je croyais le devoir.
Mais que pouvait ma voix sur un roi qu' on abuse!
Wallstein.
Tu n'as point découvert ce dont la cour m'accuse?
Alfred.
D'aucun crime, seigneur, vous n'êtes accusé.
Wallstein.
Ah! Je les reconnais. Ils ne l'ont point osé.
S'ils m'avaient accusé, j'aurais pu leur répondre,
Et la voix de Wallstein auroit su les confondre.
Leur haine, en cette lutte, a craint de s'engager:
Alfred, si l'on se tait, c'est qu' on veut se venger.
Et le peuple?
Alfred.
Le peuple, en sa fougue indiscrète,
Recueille des rumeurs qu' au hasard il répète.
Tersky.
On nomme jusqu' au chef qui doit vous remplacer.
Alfred.
Un vain bruit...
Wallstein.
Les ingrats! Ils m'y veulent forcer!
Alfred.
Vos vertus, vos exploits, l'éclat de vos services,
Sans peine arrêteront le cours des injustices.
Que pourra des complots la sombre iniquité
Contre l'honneur, la gloire et la fidélité!
Wallstein.
Et la fidélité!... quoi! Ce devoir sévère,
À la cour, à tout prix, m'ordonnerait de plaire!
Après tant de travaux rentrer dans le néant,
N'avoir été du sort que l'aveugle instrument,
Retomber dans le rang de ces êtres vulgaires
Qui doivent au hasard leurs pompes éphémères,
Qu'un flot soudain élève, et qu' un flot engloutit,
Sont-ce là des vertus que le devoir prescrit?
À Alfred et à Thécla. À Alfred, en le prenant par la main.
Allez. Laissez-moi seul. Alfred, ta jeune audace
Au nombre des héros marque déjà ta place.
Ton courage par moi fut toujours admiré,
Du prix de tes exploits Wallstein t'a décoré.
Il te prend pour second dans sa noble carrière.
Songe, que de tout tems il t'a servi de père,
Que lui-même a guidé tes pas mal affermis,
Qu'il t'admet, jeune encor, au rang de ses amis.
Alfred.
Ah! Seigneur! Disposez de mon sang, de ma vie.
L'amitié la plus sainte à votre sort me lie.
Mon bras, pour vous défendre, impatient d'agir...
Wallstein.
Va. J'y compte. Il suffit.
Alfred sort d'un côté. Thécla et Élise sortent de l'autre.
Scène V.
Wallstein, Tersky.
Tersky.
Seigneur, il faut choisir:
Céder à l'Empereur, ou, vous servant vous-même,
Par un heureux effort, saisir le rang suprême.
Quel moment plus propice à vos vastes projets
Jamais à vos désirs promit plus de succès!
Dans la splendeur habile où votre rang s'étale,
Vous marchez, entouré d'une pompe royale.
De vos soldats vaillans, de vos nombreux amis,
Les coeurs sont entraînés et les yeux éblouis.
Chacun se croit plus fort au milieu de la foule:
Gardez que sans retour ce torrent ne s'écoule,
Et qu' en cent lieux divers, par les combats placés,
Ces chefs ne soient bientôt loin de vous dispersés!
Chacun, rentrant alors dans la route commune,
D'un oeil plus réfléchi contemple sa fortune,
Et s'empresse d'offrir à son prince irrité
Le vulgaire tribut de la fidélité.
Wallstein.
Qui t'a dit que Wallstein les veut rendre infidèles?
M'a-t-on vu prendre place au nombre des rebelles?
Ai-je abjuré l'honneur, et de la trahison
Mérité-je déjà l'injurieux soupçon?
Je veux sur mes soldats conserver ma puissance:
C'est mon bien, c'est mon droit, le fruit de ma vaillance;
Je le veux. Mais Wallstein, justement irrité,
Est loin encor, crois-moi, de Wallstein révolté.
Tersky.
Seigneur, est-ce à plaisir que votre esprit s'abuse?
Que vous sert avec moi cette inutile ruse?
Tersky dans vos secrets n'est-il donc plus admis,
Et ne traitons-nous pas avec les ennemis?
Moi-même en votre nom...
Wallstein.
J'ai daigné les entendre.
Oui, s'il le faut, Wallstein veut pouvoir se défendre.
Mais traiter avec eux, ce n'est point les servir.
Je veux sauver l'empire, et non pas le trahir.
Tersky.
D'autres motifs, seigneur, glacent votre courage.
Pardonnez les aveux où mon zèle s'engage.
Qui croiroit qu' un héros fait pour tout gouverner,
Par un art imposteur se laissât fasciner!
Un devin mensonger tient votre ame abattue,
Et votre incertitude est l'astre qui nous tue.
Wallstein,
d'un ton sévère.
De tous les généraux êtes-vous assuré?
Tersky.
Tous n'attendent qu' un mot de leur chef révéré.
Déjà, de Géraldin pressentant l'insolence,
Leur courroux unanime a demandé vengeance.
Wallstein.
Isolan?
Tersky.
J'en réponds.
Wallstein.
Clary, Murray, Mellas,
Don Fernand?
Tersky.
Ils suivront l'exemple de Gallas.
Sous ses commandemens ils servent dès l'enfance.
L'habitude est garant de leur obéissance.
Wallstein.
Je puis compter sur eux?
Tersky.
Si vous comptez sur lui.
Wallstein.
Gallas, en tous les tems, fut mon plus ferme appui.
Mais Géraldin paraît.
Scène VI.
Les précédens, Géraldin, Gallas,
Alfred, Buttler, autres généraux.
Les généraux se rangent autour de Wallstein, un peu en arrière. Géraldin s'avance vers Wallstein, sur le devant du théâtre.
Wallstein
à Géraldin.
Vous devinez sans peine,
Seigneur, que je connais le soin qui vous amène.
On en parle partout assez publiquement.
L'empire en retentit. J'ai voulu cependant
Que l'armée en ces lieux apprît par votre bouche
Tout ce qui me concerne et tout ce qui la touche.
Compagnons de ma gloire et chéris de mon coeur,
Ces guerriers, de leur sang, ont servi l'Empereur.
À sa reconnaissance ils ont assez de titres.
Prenez-les pour témoins. Je les prends pour arbitres.
Géraldin.
Vous l'ordonnez, seigneur, mais daignez réfléchir
Qu'aux ordres de la cour je ne fais qu' obéir,
Que de ses volontés interprète docile,
Je dois...
Wallstein.
Épargnez-vous un exorde inutile,
Je saurai distinguer entre la cour et vous.
Vous n'avez rien à craindre.
Géraldin.
Alors qu' un sort jaloux,
Après plus de treize ans d'une guerre importune,
De l'état menacé fit pâlir la fortune,
Le sage Ferdinand, à ses vaillans soldats,
Voulut donner un chef vainqueur en cent combats,
Et qui, par son génie et par sa renommée,
Rendît à nos drapeaux leur gloire accoutumée.
Qui mieux que vous, seigneur, eût mérité son choix?
Son espoir fut rempli par vos premiers exploits.
Sous votre abri puissant les peuples respirèrent,
Les perfides saxons au loin se retirèrent,
Gustave s'arrêta. Son génie étonné
Par son digne rival parut comme enchaîné.
Vous sûtes le forcer par vos lenteurs savantes
À fondre en un seul corps ses légions errantes.
Nuremberg vit bientôt aux pieds de ses remparts 20)
Flotter des suédois les nombreux étendarts.
Sous ces murs, à combattre ils croyaient vous contraindre,
Mais Wallstein immobile était bien plus à craindre.
La famine en leur camp sème partout la mort.
Gustave au désespoir veut affronter le sort.
Vainement contre vous ce désespoir le guide,
Il n'obtient pour les siens qu' une mort plus rapide,
Et cent bouches d'airain sur ses pâles soldats
Du haut de votre camp vomissent le trépas.
Il fuit, et tout honteux de sa gloire flétrie,
Dans les champs de Lutzen court terminer sa vie.
Wallstein.
Pourquoi nous parler tant de nos travaux passés?
Ce que nous avons fait, nous le savons assez,
Et l'on ne vous a pas, à ce que je puis croire,
Envoyé dans ces lieux pour vanter notre gloire.
Géraldin.
Seigneur, sur vos exploits j'aimais à m'arrêter,
Et ma justice encor se plaît à raconter
Ce que vous dut l'empire, et ce qui sert d'excuse
À des torts passagers dont la cour vous accuse.
Vous teniez en vos mains la victoire et la paix:
On vous voit tout-à-coup suspendre vos succès,
Braver la volonté d'un prince qui vous aime,
Ainsi qu' un fugitif, retourner en Bohême,
Ouvrir la Franconie à ce jeune Weymar 21)
Qu'une erreur déplorable entraîne après son char.
L'Empereur étonné, sollicite, supplie.
Il pourrait commander, et c'est en vain qu' il prie.
Wallstein.
Aux généraux.
Arrêtez, Géraldin. Que faisions-nous alors?
Illo.
De l'Oder menacé nous défendions les bords.
Buttler.
Nos efforts délivraient la Silésie entière.
Alfred.
Contre les suédois nous servions de barrière.
Wallstein,
aux généraux.
Voilà ce qu' on appelle un coupable repos.
À Géraldin.
Poursuivez.
Géraldin.
Ce rebelle, auteur de tous nos maux,
De Thourn ****), à vos succès vous voyant infidèle, 22)
Puise dans vos lenteurs une audace nouvelle.
Il répand en tous lieux qu' il est votre allié,
Ranime son parti qui fuyait effrayé,
S'approche, vous menace, insulte à votre gloire.
Wallstein.
Eh bien?
Géraldin.
Son fol orgueil vous force à la victoire.
Il veut fuir. On l'arrête. Arbitre de son sort,
Vous pouviez, vous deviez le livrer à la mort.
Des lois qu' il outrageait l'éternelle justice,
Nos peuples, nos autels réclamaient son supplice.
Oh! Surprise! Malgré ses infidélités,
Malgré tant de forfaits, tant de fois répétés,
Malgré l'arrêt sacré d'un tribunal suprême,
Malgré l'ordre formel de Ferdinand lui-même,
Vous le renvoyez libre, et son impunité
Rend un chef et l'espoir au parti révolté.
Ainsi vous seul, seigneur.....
Wallstein.
J'entends, voilà mes crimes.
Nous cueillons des lauriers, vous voulez des victimes.
La cour est implacable et ne pardonne pas
À qui d'un malheureux lui ravit le trépas.
Honte et malheur à nous si notre obéissance
Servait ainsi d'organe à l'aveugle vengeance,
D'un zèle avilissant se faisait un devoir,
Et prononçait l'arrêt dicté par le pouvoir.
Allez: nul d'entre nous ne se rendra complice
De ces lâches forfaits que vous nommez justice,
Et si vous prétendez ces services nouveaux,
Respectez mes guerriers, et cherchez des bourreaux.
Au reste, que veut-on? Parlez.
Géraldin.
Qu'à l'instant même,
Sans retard, sans délai, vous quittiez la Bohême.
Wallstein.
Eh quoi! Durant l'hiver! Au milieu des frimats!
Aux généraux. À Géraldin.
Vous voyez. Où veut-on que nous portions nos pas?
Géraldin.
Aux bords où sans pudeur, levant sa tête impie,
Dans nos temples souillés triomphe l'hérésie:
Depuis deux ans, seigneur, le Danube indigné
Par de vils apostats, voit son bord profané:
Remplissez les destins du dieu qui nous protège:
Renversez les autels d'un culte sacrilége.
Allez, frappez.
Wallstein.
J'écoute, avec étonnement,
Ces éclats imprévus d'un zèle intolérant:
Plus d'un guerrier, seigneur, au sein de mon armée,
Professe une croyance en Autriche opprimée. 23)
Lorsque pour l'Empereur j'assemblai des soldats,
De leur religion je ne m'informai pas.
Je voulus oublier de funestes querelles.
Je les cherchai vaillans, dociles, prompts, fidèles:
Tels je les ai trouvés: mais de leur sang versé
Le souvenir bientôt paraît être effacé.
Géraldin.
À leurs exploits, seigneur, je rends un juste hommage;
Mais pourquoi, dans ces lieux, enchaîner leur courage,
Laisser sur d'autres bords l'ennemi triomphant,
Et dépouiller ici le pauvre et l'innocent?
Wallstein.
Quel reproche perfide, et quelle indigne ruse!
Amis, c'est nous qu' on trompe et c'est nous qu' on accuse!
Sort affreux du soldat! à souffrir condamné,
Par la faim, par le froid, au pillage entraîné;
Lui-même, gémissant d'un crime involontaire,
De ses pleurs, de son sang il arrose la terre!
À tous ses attentats c'est vous qui le forcez,
Et sur ses attentats c'est vous qui prononcez.
Géraldin.
Wallstein tenait jadis un tout autre langage.
Wallstein.
Je sais qu' on abusa de mon jeune courage.
Géraldin.
Vous vouliez seul lever et nourrir vos soldats. 24)
Wallstein.
On m'en a trop puni, je ne l'oublîrai pas.
Géraldin.
Enfin, quand Ferdinand vous donna cette armée.....
Wallstein.
Me la donna, seigneur? Mon nom seul l'a formée.
Géraldin.
Vous nous vendez bien cher un bienfait passager!
Wallstein.
Pour prix de ce bienfait, vous osez m'outrager!
C'en est trop: je suis las de souffrir tant d'injures.
Votre imprudente main vient rouvrir mes blessures.
Vous souvient-il du jour où, par vous dépouillé,
Wallstein victorieux se vit humilié,
Trahi, proscrit, chassé?
Géraldin.
Vous connaissez vous-même
De ce jour malheureux la violence extrême.
Ferdinand fut contraint...
Wallstein.
Une seconde fois
Il n'aura pas en vain outragé mes exploits.
Qu'un autre, de la cour, supporte le caprice.
J'abdique le pouvoir. Qu'un autre s'en saisisse.
Wallstein, dès aujourd'hui, ne dépend plus de vous.
Il se fait un grand mouvement parmi les
Généraux, pendant que Wallstein parle. Ils
Regardent Géraldin d'un air menaçant.
Amis, ne blâmez pas un trop juste courroux.
Le ciel sait qu' à regret Wallstein vous abandonne.
Il le faut. Son honneur, votre intérêt l'ordonne.
C'est moi que l'on poursuit. Ah! Puissiez-vous, du moins,
D'un si lâche complot n'être que les témoins.
Et puisse l'Empereur, envers vous équitable,
Épuiser sur moi seul sa vengeance implacable.
Je voudrais l'espérer. Le mérite passé
Par la faveur du jour est bientôt éclipsé.
D'un général nouveau protégés ou complices,
D'autres recueilleront le fruit de vos services.
Je n'y puis rien.
Alfred,
dans une grande agitation, allant successivement vers Wallstein,
vers Géraldin, vers les généraux:
Seigneur, daignez, au nom du ciel...
Suspendez, rétractez un arrêt si cruel...
À Géraldin.
Non, vous ne pouvez pas... ministre de l'empire,
Unissez-vous à moi... tremblez s'il se retire.
Aux généraux.
Et vous, nobles amis, qui l'avez vu cent fois...
À Wallstein.
Vos soldats, vos enfans vous parlent par ma voix.
Rassurez, rassurez leur tendresse alarmée.
Seigneur, votre nom seul contient encor l'armée.
Tout est détruit, perdu, si vous nous délaissez.
Wallstein.
Oui, tout sera détruit, je le prévois assez.
Oui, mon fidèle Alfred, tant de soins, tant de peines,
Vos destins confiés à des mains incertaines...
Je ne puis détourner ce funeste avenir.
Puis-je vous commander quand c'est pour vous trahir?
Illo.
Ah! Laissez-nous, du moins, délibérer ensemble.
Permettez que l'armée en conseil se rassemble,
Peut-être que la cour nous voyant réunis...
Wallstein.
Je n'ai plus de pouvoir et tout vous est permis.
Mais cherchez d'autres lieux où, loin de ma présence,
Chacun puisse à son gré dire tout ce qu' il pense.
Surtout que Géraldin soit par vous respecté.
À Géraldin.
C'est le dernier emploi de mon autorité.
À Illo.
Retirez-vous. Restez.
Géraldin et tous les généraux se retirent à l'exception d'Illo.
Wallstein
à Illo.
De leur courroux extrême,
Avec habileté, profite à l'instant même.
C'est dans un tel moment qu' on en peut disposer:
Va, ne leur laisse pas le tems de s'appaiser.
Que chacun, par écrit, embrassant ma querelle,
S'engage avec serment à me rester fidèle.
Dis-leur qu' à ce prix seul je les puis soutenir.
Illo.
Je réponds d'eux, seigneur, et cours vous obéir.
Wallstein et Illo se retirent par des côtés différens.
Fin du premier acte.
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*) Bannier, général de Gustave Adolphe.
**) Ambassadeur de France à la cour de Saxe.
***) Oxenstiern, chancelier de Suéde.
****) Mathias, comte de Thourn, premier moteur des troubles de la Bohême.
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