Christine de Pizan
vers 1364 - vers 1431
L'Avision de Christine
La tierce partie
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XXIVInstruit Philosophie a depriserles biens mondains
Et de ce que entre vous tant amez les assemblemens des richeces/ Et tant vous traveilliez pour ycelles men tairay ie donc non feray. Car combien que par aventure petit penetreront mes paroles es courages obstinez. Non pourtant viennent avant les notables au propos de leur vitupere/ lesquieulx le dit Boece nostre ame recite en son livre de reconfortEt les approvons par lescripture saintte en la maniere encommenciee/ Et avisiez quelle introite dycelles veulz tu dist il assembler peccune. Il convient que tu la soubtrayes a qui que soit/ veulz tu avoir dignetez tu seras ou desdaing desenvieux/ veulz tu surmonter les autres tu seras en peril des hayneux/ se tu montes en poissance la paour de decheoir ne te laira point/ veulz tu renommee avoir/ il te convendra moult souffrir/ veulx tu delices/ tous ceulx te despriseront qui serf te verront a tes aises Et pour ce peux notter que tes voies ne font pas lomme riche Cest assavoir assouvyEscoute encore ses propres paroles/ Certes dist il les richeces nestaingnent pas lavarice que len ne peut saouler/ ne la poissance ne fait estre seur cellui qui de lians est enchaiennez Et quant povoir vient aux mauvais il ne les fait pas bons/ mais descueuvre et monstre leur mauvaistie dont veu ce que vous avez ioye de mettre voz cuers a choses qui autre sont que vous ne les nommez et que len puet assez reprendre pour ce que elles ne sont ne vrayes poissances ne vrayes dignetez Je puis conclurre de toute fortune que il ny a chose qui a desirer face ne qui naturelment soit bonne quant tousiours elle ne se ioint pas aux bons et que a ceulx a qui elle se joint elle nest pas bonne. Et assez saccorde a ceste sentence aristote quant ou livre de bonne et de male fortune dit que la ou est le plus grant engin et entendement nest mie tousiours la meilleur fortune/ Et souvent avient que la ou fortune est/ plus propice nest mie le plus grant entendement Et ce est contre les arougans qui presument de eulx et quident que quant fortune leur est propice que ce soit pour leur grant salut savoir ou value/ mais comme lexperience du contraire nous soit manifeste veons le plus des bons et de cler engin mal fortunez es biens mondains/ et pour ce est voir le proverbe des lombars qui dit/ a fol aventureux na lieu sens/ mais dit boece/ que plus proffite la male fortune que la bonne/ car la bonne fait semblant de beneurte/ Et ainsi elle ment comme en ses biens nait beneurte/ Et la mauvaise est vraye en ce que elle monstre par soy changier que elle na point destat seur. la bonne doncques decoipt et la mauvaise fait sage par lusage de tribulacion. Et certes comme il dit les richeces ont donne nom a maint mauvais et sanz vertu/ Et pour ce cuident yceulz que il ne soit autre bien ne plus dure chose que avoir tresors pierres precieuses et grans seigneuries o viles dignetes et poissances du monde que entre vous exaussiez iusques au ciel et ne savez quest povoir et vraye dignete/ et se mauvais vous a/ oncques grant elevacion deaues ou de flammes plus ne domagierenthelas homme et se tu regardes ton corps tu ne trouveras pas plus foible chose, car le morz de un chien ou une mousche se elle entre dedens toy toccist aucune fois/ Et de quoy peus tu qui tant te orgueillis avoir povoir sus autre/ Ce nest ou corps et es choses de fortune mais a force le cuer qui est franc et fort par le conduit de raison nest mie en toy de mouvoir. |