Christine de Pizan
vers 1364 - vers 1431
L'Avision de Christine
La seconde partie
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XXIIResponce de Christinea lombre
Adonc comme mon entendement saperceust par *clere cognoiscence qui estoit celle qui tant arraisonnee mavoit je dis ainsi/ ha dame opinion poissant et forte voirement vous dois ie moult bien cognoistre car tres menfance eus ie vostre accointance/ Et certainement ie cognois et confesse vostre auttorite estre de grant vigueur et poisscence/ Et quoy que vous soiez blasmee souvente foiz qui bien de vous use ne puet errer/ Et mal pour cellui en qui vous nestes saine/ mais puis quil vous plaist de votre grace tant mavoir honoree qua moy si clere evidemment vous estes manifestee me racontant vos grans proprietes encore vous requier que aanuy ne vous soit de me declamer aucunes demandes/ Et elle a moy. fille dis ce quil te plaitDame puis quil est ainsi que de vous vient la premiere invencion des oeuvres humaines bonnes ou mauvaises rudes ou soubtilles selon la disposicion des entendement comme dit avez plaise vous me certefier. se es choses par vous engendrees en moy lesquelles a mon povoir par le moyen destude et de tel science et entendement comme iay qui en mes compillacions et volumes sont declariees se en aucune chose yay erre Comme si sage ne soit qui aucune fois ne erre Car sainsi estoit mieulx vouldroye tart que iamais les amender/ Et elle a moy. Amie chiere soies en pais Car ie te dis que non pourtant se tay ie blasmee de ce que prerogative de honneur voulx comme ie tay dit devant donner a fortune/ et moy comme ie soye principe y oublias faulte ny a/ non obstant que par moy maint sen debatent diversement. Car les aucuns dient que clers ou religieux les te forgent/ et que de sentement de femme venir ne pourroyent. Mais ce sont les ig*norans qui ce dient/ car ilz nont pas cognoiscence des escriptures qui de tant de vaillans femmes sages plus que toy et lettrees et meismement prophetes qui ou temps passe ont este font mension et comme nature ne soit amendrie de sa poissance encore en puet estre/ les autres dient ton stille estre trop obscur et que on ne lentent si nest si delictable Et ainsi diversement le fais aux uns louer/ et aux autres reprimer de los. Mais comme chose quelconques estre a tous agreable soit impossible tant te dis que verite par le tesmoing de lexperience ne sueffre le blasme avoir effait sur le loz Si te conseil que ton euvre tu continues comme elle soit iuste/ Et ne te doubtes derrer en moy. Car tant que ie seray en toy fondee sur loy. Raison et vray sentement tu ne mesprendras es fondacions de tes oeuvres es choses plus voir semblables non obstant de pluseurs les divers iugemens les uns par moy simplement les autres par envie/ Car ie tacertaine que quant elle et moy sommes ensemble. Adonc se font les tres faulx iugemens ne il nest si bon qui y soit espargne/ et adonc suis ie perilleuse quant envie me gouverne/ Si faisons la personne aveuglee es autruy choses/ et en son meismes fait qui en soy nous a/ si lui rongions le cuer ne reposer ne la laissons/ et vouloir lui donnons de faire maint maulz qui accomplis sont aucune fois et mal est gouverne cil qui chiet entre noz laz ia si bon ne sera ne si poissantNe veames nous iadis les portes de romme au preux Julius cesar qui tant victorieux sen retournoit/ et au desrenier tant pourchames que il fu occis/ assez de telles en avons faittes/ ne il nest si sage qui garder sen sache si tay assez narre de mes aventures et atant souffise/ Car par ce que ie donne a croire a lun que une chose est fausse ou que elle est vraye et a lau*tre le contraire dont sourdent bataille et mains debas./ la prolixite de mes narracions cy racontees pourroit aux lisans tourner a ennuy. Et si te prophetise que yceste lecture sera de pluseurs tesmoignee diversement/ les uns sur le language donront leur sentence en plusieurs manieres/ diront que il nest pas bien eleguant/ les autres que la composicion des materes est estrange/ Et ceulx qui lentendront en diront bien/ Et le temps a venir plus en sera parle que a ton vivant. Car tant te dis ie encore que tu es venue en mauvais temps/ car les sciences ne sont pas a present en leur reputacion ains sont comme chose hors saison/ et que il soit vray. Tu en vois peu qui a celle cause soient en la maison de fortune sus haulciez/ Mais apres ta mort venra le prince plein de valour et sagece qui par la relacion de tes volumes desirera tes iours avoir este de son temps/ et par grant desir souhaidera tavoir veue. Si me suis a toy descripte. Or diffinis de moy ce que il ten semble/ Et moy a elle. Dame comme la descripcion de vous meismes men apprengne la diffinitive. Je dis que comme parfaittement ore vous cognoisce que vous voirement estes de ignorance fille adhesion a une partie en doublant tousiours de lautre Et de ce ie mavise ce que de vous dist aristote ou premier livre de posteres que cellui qui vous a doubte tousiours que autrement puist estre que ce que il pense comme vous soiez non certaine/ Et saint bernard dist aussi ou .V e. chapitre de consideracion que vous estes ambigue et povez estre deceueSi dis et conclus que vous estes adhesion a une partie/ laquelle adhesion est causee de lapparence de aucune raison prouvable soit que lopinant ait doubte* de lautre partie soit que non. de vostre poissance ie dis que pour lignorance qui est es hommes que par vous est le monde plus gouverne que par grant savoir.
Explicit la seconde partie du livrede lavision Christine |