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Theséus de Cologne
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Laisse VIII
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265 | Le chevallier fut en son cuer bien marris,
Vers la chambre a la Royne c'est a la voye mys.
Sy tost qu'i la trouva, si lui dit par advis:
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L. f.5a | «Entendez envers moy noble dame de pris,
Je vous dis pour certain, ne le creez envis,
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270 | Que je viens d'ung tel lieu ou le Roy vo maris
Vous a jugie a mort veiant tous ses marchis,
Et dist que Theséus si n'est mie son filz
Et qu'ung nain l'engendra. Si que prenez advis,
Car s'on vous treuve cy, ains qu'il soit midis,
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275 | Sera le corps de vous essillié et bruys.
Pour une courtoisie que j'euz de vous jadis
Le vous suy venu dire, dont au Roy ay mespris.»
Quant la Royne (l')ouyt ses motz et ses dis,
D'angoisse s'est pasmee, moult fut son cuer faillis.
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280 | Et quant se redressa la dame que je dis,
A une chamberiere s'escria a hault cris:
«Amie, alons nous ent et laissons le pays!»
Elle print ung mantel qui fu fourré de gris,
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Ph. f.5b | Sur son corps le jecta, et puis avec Bietris
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285 | Yssi hors de la chambre si com je vous dis.
Et tant fut le corps d'elle couroucé et marris.
Qu' elle laissa tous cois les grans et les petis.
Theséus se dormoit sus couvertoir de gris,
Oncques ne le baisa en bouche ne en vis;
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290 | Tout en fuyant disoit: «Tu es ung ennemis
Pour destruire mon corps en ce monde vuis!
Et mauldite soit l'eure qu'en ce monde nasqu[is!»]
Et quant la dame franche si ot tous ses motz [dis,]
Lors ploura tendrement des yeulx de son [vis,]
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295 | Et dit: «Ayde Dieu, Pere de Paradis!
Or ay je dy trop mal et a Dieu me[spris;]
Car j'ay bien deservy que j'aye encore [pys]
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L. f.5b | Car mauvais fait parler sur l'euvre Jhesucris[t].»
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