Pseudo-Aurelius Victor De viris illustribus (Introduction) |
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De Viris
illustribus Vrbis Romae 2 Introduction 2 Les différences entre les deux versions 2 Le corpus transmis sous le nom d'Aurelius Victor 4 Le De Viris originel 4 Les notices biographiques 6 Structure des notices 6 I. Du mythique Proca aux débuts de la République 6 Les rois de Rome 7 Tarpeia 7 Égérie 7 L'expulsion des rois et la lutte contre les alliés
des Tarquins 8 II. La défense de Rome et l'expansion en Italie 9 Veturia 9 Virginie 10 III. La conquête romaine 11 La première guerre punique 11 La deuxième guerre punique 12 Les guerres en Grèce et en Asie mineure 14 L'impérialisme romain 15 Cornelia 15 IV. Les crises de la fin de la République 16 Les luttes entre optimates et populares 16 Sempronia 17 Autour de César et d'Auguste 19 Les sources du De
Viris 21 Pseudo-Aurelius Victor
De
Viris illustribus Vrbis Romae
Introduction L'ouvrage anonyme, écrit à une époque inconnue[1] et intitulé par la suite Les hommes illustres de la ville de Rome (Liber de Viris illustribus Vrbis Romae), est un ensemble de brèves notices à caractère biographique qui nous est parvenu en deux versions différentes à travers deux traditions manuscrites : une version intégrée à un corpus comportant deux autres textes (A)[2], qui se termine par une notice sur Cléopâtre, et une version séparée (B)[3] qui se termine à la mort de Pompée. Les différences entre les deux versions Elles se trouvent au début, à la fin et dans le corps du texte, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous.
Le corpus transmis sous le nom d'Aurelius Victor Dans la version intégrée (A), notre texte occupe la partie centrale d'un ensemble appelé généralement du nom de son premier élément Origo gentis Romanae (Origines du peuple romain)[5] : un compilateur anonyme a regroupé sous ce titre, entre 360[6] et à la fin du VIe s., trois uvres dont la réunion formait un abrégé de l'histoire romaine, depuis la période légendaire jusqu'à son temps : ¥ L'Origo gentis romanae : abrégé anonyme d'un traité écrit par un auteur de la fin de la République qu'on peine à identifier ; le récit dont le sujet est "Rome avant Rome", émaillé de citations, va de l'arrivée de Saturne en Italie jusqu'au meurtre (?) de Rémus par Romulus après la fondation de la Ville ; ¥ Le Liber De Viris illustribus ; ¥ Le Liber de Caesaribus (Livre des Césars) d'Aurelius Victor : une suite de biographies impériales, à partir d'Auguste ; l'auteur, qu'on identifie le plus souvent avec le préfet de la Ville de 389, Sex. Aurelius Victor, s'arrête au dixième consulat de Constance. La tradition a attribué l'ensemble à Sex. Aurelius Victor, qui n'est l'auteur que du dernier élément. On édite pour cette raison l'Origo et le De Viris sous le nom de "Pseudo-Aurelius Victor" ; on y ajoute souvent un autre ouvrage attribué à Aurelius Victor et dont il ne peut être l'auteur : l'Epitome de Caesaribus (Abrégé des Césars), une séquence de biographies impériales d'Auguste à la mort de Théodose, dont une des sources est le Livre des Césars. Le De Viris originel L'opinion reçue est que le texte d'origine commençait à Proca, rex Albanorum ... (1,1) et s'arrêtait à la notice sur Pompée et que le compilateur : ¥ a supprimé le début (1,1) qui faisait double emploi avec l'Origo, bien plus développée, ¥ a supprimé le chap. 16, ¥ a remanié la fin du chap. 77 ¥ a ajouté neuf notices, de César à Cléopâtre (78-86) pour assurer la continuité des biographies avec celles d'Aurelius Victor qui commencent par Auguste, au moment où le fondateur de l'Empire est le seul maître du monde romain. En fait, s'il est raisonnable de penser que le compilateur a abrégé le début du De Viris pour éviter les redites, il est difficile de soutenir qu'il a rédigé, ou récupéré ailleurs, les neuf notices qui n'ont pas été transmises par la tradition B ; les procédés de rédaction sont les mêmes que pour les chapitres précédents. Si, d'ailleurs, on met en regard le texte de la fin de la vie de Pompée
dans les diverses traditions, on observe que le compilateur de l'Origo a utilisé un manuscrit qui se
terminait à la notice sur Cléopâtre, tandis que la source de la tradition du De Viris isolé, c'est-à-dire l'ancêtre de tous les manuscrits
étudiés par les éditeurs allemands, avait perdu son, ou ses derniers feuillets.
XXXXC'est donc dans la version longue, celle de la tradition de A, qui
constitue le texte originel et c'est celle qui est généralement éditée[7]. La disparition du chap. 16 dans la tradition A peut être le fruit du hasard et s'expliquer par un oubli du copiste du modèle ou de l'ancêtre des deux mss que nous avons, ou bien être intentionnelle : dans ce cas, on il faudrait supposer que le compilateur était chrétien et qu'il a voulu supprimer du texte une référence trop appuyée à la protection que les dieux du paganisme, en l'occurrence les Dioscures, avaient exercé sur les débuts de Rome. Les notices biographiques Le texte de la
version complète du De Viris a été
découpé par les éditeurs anciens en 86 chapitres qui correspondent chacun
plus ou moins à une notice biographique, si on excepte le chap. 1er qui traite de Proca et de ses
descendants jusqu'au meurtre de Remus. Ces notices ne sont pas des biographies
au sens habituel : elles constituent une espèce de prise de vue du personnage à
travers des traits caractéristiques de sa personnalité et des anecdotes
significatives (exempla). Plusieurs
rubriques sont réduites à la mise en perspective d'un seul exemplum. Parmi les Hommes illustres de la ville de Rome,
présentés en ordre approximativement chronologique, se sont glissés des femmes
et des non-Romains. La majorité des notices commence par le nom du personnage qui en est le sujet principal et fait allusion à des personnages secondaires, identifiés par leur nom, dont certains sont les sujets principaux d'autres notices. Structure des notices[8]I. Du mythique Proca aux débuts de la République Les figures traditionnelles des rois de Rome (1-8) et les héros légendaires de la lutte contre les tyrans étrusques (9-16) sont présentés dans un récit continu, apparenté à celui de Tite-Live sans qu'on puisse dire qu'il a été composé d'après lui, puisqu'il apparaît ça et là des détails complémentaires ou différents, dont j'ai signalé les principaux dans les notes à la traduction. Cependant, comme on ne sait pas quelle a été l'étendue des remaniements opérés par le Padouan à l'occasion des révisions et rééditions auxquelles il a procédé à plusieurs reprises, il est bien sûr possible que l'abréviateur ait utilisé le livre I et le début du livre II de l'Ab Vrbe condita dans une édition un peu différente du texte qui nous est parvenu. On note une ébauche
de construction en réseau à partir de Tarquin le Superbe, mais comme le sujet
s'y prêtait, on ne peut dire si le procédé à été utilisé de façon consciente à
des fins pédagogiques, comme c'est le cas chez Ampelius où récapitulatifs et
recoupements fondent l'apprentissage scolaire[9]. Les rois de Rome
L'expulsion des rois et la lutte contre les alliés des Tarquins Les trois héros de légende, Coclès, Mucius et Clélie, font partie de la geste de Porsenna, tyran de Clusium : les trois notices qui leur sont consacrées (11-13) commencent par son nom. La notice (chap. 14) sur la quasi destruction de la gens Fabia à la bataille du Crémère n'est pas à sa place chronologique ; on imputerait à première vue ce déplacement à une bévue de l'A. ou à une erreur de sa source, mais il est plus probable que l'anomalie résulte de la technique de l'abréviateur : à la lecture des opérations conduites au cours des années précédentes par les consuls de la famille, qui avaient leurs terres sur la rive droite du Tibre, aux frontières de Véies, il n'a pas trouvé de figure saillante à classer dans ses hommes illustres mais a voulu quand même rappeler leur souvenir en l'accrochant à un célèbre désastre ; le fait qu'il y ait eu un survivant met en relief leur rôle charismatique en conduisant à évoquer déjà la figure de Fabius Cunctator, sujet de la notice du chap. 43. Fabius Pictor, source de Tite-Live et de Plutarque, insistait sur la gloire de sa famille, dès les temps anciens.
II. La défense de Rome et l'expansion en Italie Avec le chap. 17 commence une série de notices dont la plupart sont relatives à des généraux qui se sont illustrés sur le champ de bataille contre les Étrusques, les Latins, les peuples sabelliques, les Grecs et les Gaulois ; deux d'entre elles sont consacrées à des ennemis prestigieux : le Samnite Pontius Telesinus (30) qui infligea aux Romains la honte des Fourches Caudines et le roi Pyrrhos (35), nouvel Alexandre, le premier chef militaire de son époque. Une anecdote relative à l'introduction à Rome du culte d'Esculape en 292 av. J.-C., est située par rapport à Q. Ogulnius sans constituer une notice biographique de ce personnage (22). L'écho des luttes entre le patriciat et la plèbe se retrouve dans plusieurs notices qui donnent des renseignements conformes au traitement livien du problème : Tite-Live présentait l'égalité civique comme une conquête progressive des plébéiens, arrachée à l'orgueil patricien à la suite de crises et de sécessions. La plupart des figures bâties en quelques traits sont celles de héros positifs qui nous présentent l'image et l'exemple de la vertu romaine : ce sont tous de bons soldats et de bons chefs de guerre ; pauvres et laborieux, ils ne s'enrichissent pas au pouvoir ; ils ont le sens de la justice et de la pietas, recherchent la concorde et se dévouent pour leur cité ; en cas de crime contre l'État ou les dieux, ils se montrent impitoyables, même envers les membres de leur propre famille. Faisant contrepoint avec ces héros positifs, il n'y a que trois héros négatifs, des patriciens orgueilleux et arrogants : deux d'entre eux, après des débuts dignes de Romains vertueux, se sont laissés aller à l'hybris jusqu'à la trahison ou l'aspiration à la royauté et ont été punis pour cela : Coriolan (19) et Manlius Capitolinus (24). Le seul dont la présentation est entièrement négative est le décemvir Ap. Claudius (21), qui ne respecte pas les lois et est esclave de ses sens. Il règne dans cette section des Vies des Hommes illustres un grand désordre chronologique, le décalage le plus choquant est la notice du décemvir Ap. Claudius (21), suborneur de Virginie, un homme du milieu du Ve s. av. J.-C. qui est placée après celle de Licinius Stolo (20), l'un des auteurs des lois licino-sextiennes à la fin de la première moitié du IVe s. av. J.-C.
À la fin du chapitre sur Pyrrhos, A présente une interpolation provenant de l'historia miscella (2,17) : l'histoire du médecin de Pyrrhos, qui met Fabricius en valeur. Entre le chapitre consacrée à Pyrrhos et ceux qui traitent des acteurs des guerres puniques, se trouve une brève notice (chap. 36) à propos de l'histoire intérieure de la cité de Volsinii (Bolsenna), dont on se demande ce qu'elle fait là : reprise d'un excursus de Tite-Live[10] à propos de la destruction de la ville par Caudex ? ou bien un épisode de la saga de P. Decius Mus qui aurait accompli à Ausculum le rite de la deuotio, comme son père et son grand-père avant lui ? III. La conquête romaineLa première guerre puniqueL'A. s'est contenté de rappeler, à l'aide de cinq notices, des anecdotes très connues et quelques événements dispersés d'une guerre qui a mis en action pendant plus de vingt ans les forces vives des deux cités rivales pour la prépondérance en Méditerranée occidentale. L'ordre chronologique est respecté.
La deuxième guerre punique Cette série de notices commence par Hannibal, traditionnellement présenté depuis Fabius Pictor comme le responsable de la reprise des hostilités. L'ordre chronologique est à peu près respecté, sauf pour Scipion Nasica, mal identifié d'ailleurs par notre auteur, pour Caton l'Ancien qui n'était à l'époque qu'au début de sa carrière, et pour Scipion l'Africain, maladroitement intercalé entre Claudius Néron et Livius Salinator qui furent consuls et censeurs ensemble.
Les guerres en Grèce et en Asie mineureL'appropriation par les Romains de la péninsule balkanique, monde des cités de Grèce propre sur lesquelles s'étendait la tutelle macédonienne, est vue à travers le destin exceptionnel de cinq imperatores. L'installation des Romains dans les Balkans amène naturellement leur intervention en Asie, par la guerre contre le roi séleucide Antiochos III Mégas, qui fait l'objet d'une notice ; sans doute a-t-il été jugé plus important que les deux derniers souverains de Macédoine, Philippe V et Persée, qui n'apparaissent qu'à travers les biographies de leurs vainqueurs.
L'impérialisme romainLes principaux acteurs de l'impérialisme romain vers le milieu du IIe s. av. J.-C. se retrouvent dans cette section où le malchanceux Mancinus est encadré par les deux grands preneurs de villes, Scipion Émilien et Mummius Achaïcus.
IV. Les crises de la fin de la RépubliqueLes luttes entre optimates et populares
Les deux Metellus (62 et 63) dont les notices ouvrent la dernière partie du De Viris ne sont pas à leur place chronologique : on peut l'expliquer par le fait que leurs vies font suite assez logiquement à celle de leur père et grand-père, le "Macédonique", rival et successeur de Mummius, qui terminait la revue des grands généraux du milieu du IIe s. av. J.-C. Jusqu'à l'époque de Pompée, la famille des Caecilii Metelli a été l'une des plus influentes au sein du parti conservateur (optimates). Après les Metellus, l'A. présente les principaux chefs successifs du parti populaire (populares), de Ti. Gracchus, fils du Sempronius qui ouvrait la section précédente, jusqu'au marianiste Fimbria (64-70). Ensuite règne un certain désordre, explicable en partie : si le Lusitanien Viriathe (71) aurait été mieux à sa place dans la section précédente, dans le cas du patricien Scaurus (72) il semble que sa notice soit une sorte de conclusion voulue par l'A. à la série des troubles causés par les populares ; quant à la notice sur le tribun Saturninus (73), elle répare sans doute un oubli dont l'A. s'est rendu compte en parlant de Scaurus. Pour les trois notices suivantes, on note l'inversion chronologique entre Lucullus (74) et Sylla (75) : le second était plus âgé, il est mort plus tôt et il a fait le premier la guerre contre Mithridate (76) ; le roi du Pont, ennemi des Romains, a été la cause déterminante de l'affrontement entre Marius et Sylla et a été combattu successivement par Sylla, Lucullus et Pompée : une séquence Mithridate, Sylla, Lucullus, Pompée, eut donc été plus conforme à la logique du récit.
La notice sur Pompée est la dernière du De Viris tel qu'il a été transmis par la tradition B, avec quelques variantes à la fin[11], mais ce n'est pas la fin du traité dont la dernière section, que j'ai sous titrée "Autour de César et d'Auguste" va mener le lecteur jusqu'à l'extrême fin du régime républicain, avec l'accession d'Auguste seul au pouvoir suprême. Autour de César et d'Auguste Les vies qui terminent la version longue ont une composition en réseau. Les deux premières notices sont consacrées à César (78) et à son fils adoptif Auguste (79). Les sept dernières se rapportent à des personnages qui ont été les perdants et les victimes des deux dernières guerres civiles de la République, avant l'établissement du pouvoir personnel d'Auguste. Opposants à César et à Auguste, les personnages sont classés d'après la date de leur mort, avec une erreur pour Brutus et Cassius, morts à quelques jours d'intervalle, mais Cassius en premier. Caton 46 av. J.-C. (80) Cicéron 43 av. J.-C. (81) Brutus 42 av. J.-C. (82) Cassius 42 av. J.-C. (83) Sex. Pompée 35 av. J.-C. (84) Marc-Antoine 30 av. J.-C. (85) Cléopâtre 30 av. J.-C. (86)
La dernière biographie est celle de Cléopâtre, reine d'Égypte : ainsi c'est sur l'histoire d'une femme, une étrangère de surcroît, que se termine l'ouvrage auquel la tradition a donné pour titre : "les Hommes illustres de la ville de Rome". Les sources du De Viris
Comme dans le cas de la plupart des petits traités latins à caractère scolaire, la recherche des sources du De Viris est un exercice assez vain dont les résultats hypothétiques, fondés en grande partie sur l'évocation de textes perdus pour nous, donnent matière à des discussions interminables et stériles. À partir des travaux des historiens de la fin de la République et du tout début de l'Empire qui ont mis en forme une vulgate à partir des sources antérieures[12], on retrouve partout les mêmes connaissances de base sur un passé romain recréé dans l'imaginaire de ses citoyens : quelques grandes figures de héros positifs aux vertus exemplaires, des traîtres dont la mémoire est condamnée, des étrangers qui ont paru mettre Rome en danger avant de succomber sous la valeur romaine. Cette histoire fragmentaire et catégorielle est transmise par les maîtres d'école et utilisée par les rhéteurs, toujours à la recherche d'exempla. Pour Cicéron[13], la connaissance de l'histoire est indispensable à l'orateur, et en retour, c'est l'orateur qui la diffuse avec éclat : Quant à l'histoire, témoin des temps, lumière de vérité, vie du souvenir, maîtresse de vie, messagère de l'ancien temps, par quelle autre voix que celle de l'orateur sera-t-elle appelée à l'immortalité ? Dans la limite de notre connaissance des textes anciens —ceux qui nous sont parvenus et les autres— on s'accorde à dire que l'essentiel de l'information contenue dans le De Viris pourrait provenir de Tite-Live, directement ou indirectement. La perte des trois quarts de l'Ab Vrbe condita empêche une vérification directe pour les années 292-222 et 200-178, ainsi que pour tout ce qui est postérieur à 167 av. J.-C. Pour la partie conservée, l'auteur du De Viris fournit de façon ponctuelle des renseignement qui ne se trouvent pas chez Tite-Live, il a donc utilisé au moins une autre source, de mémoire ou en consultation directe. Il faut prendre en compte aussi un très grand nombre d'écrits —perdus pour nous— sur les grandes familles, leurs généalogies et leurs personnages remarquables, rédigés à la fin de la République[14], ainsi que l'abondante littérature mi-pamphlétaire, mi-biographique qui s'est diffusée autour et à propos des acteurs des guerres civiles[15], et les premières biographies systématiquement ordonnées en séries : nous connaissons en partie celles dues à Cornelius Nepos[16], avec lesquelles on relève des similitudes, comme dans le cas du petit manuel d'Ampelius, il semble y en avoir eu bien d'autres. Certains ont cru trouver dans les Elogia, inscrits sur les bases des statues érigées au forum d'Auguste en 2 a.C., la source principale des biographies regroupées dans le De Viris, mais les textes[17], très brefs, n'ont guère de rapport avec celui des vies. Cependant, on remarque que dans les notices il y a des passages dont la rédaction s'apparente à l'énumération sèche des honneurs conférés aux grands personnages, de leurs conquêtes et de leurs triomphes, telle qu'on la lisait sur les inscriptions honorifiques. Il est donc possible que l'auteur du De Viris ait utilisé des Fastes triomphaux ou de simples souvenirs visuels.
[1] Le terminus post quem est la mort d'Auguste, qualifié de diuus dans le chapitre 79. [2] La tradition A est représentée par deux mss du XVe s. : le Bruxellensis nn. 9755-9763, olim cd. Pulmanni ff. 68v-81, et l'Oxoniensis, bibl . Bodl. can . lat. [3] La tradition B est représentée par de nombreux mss qui se répartissent en deux familles ; celle qui a été jugée la meilleure par les éditeurs allemands (C) regroupe 4 mss (gde F), l'autre comprend les deteriores (D), qui sont très nombreux. [4] Voir le tableau suivant. [5] Origo gentis Romanae a Iano et Saturno conditoribus per succedentes sibimet reges usque ad consulatum decimum Constantii... (Histoire du peuple romain depuis ses fondateurs Janus et Saturne suivant l'ordre de succession entre eux des souverains jusqu'au dixième consulat de Constance...). [6] Le Livre des Césars, d'Aurelius Victor, seule uvre datable avec certitude de ce corpus, est paru en 360 ; sur l'établissement du terminus ad quem, voir l'introduction de l'édition de l'Origo par J. Cl. Richard dans la CUF, p. 16-19. [7] Par exemple, l'édition Teubner due à Fr. Pichlmayr et rééditée avec des additions et des corrections par R. Gruendel (Leipzig, 1966), sur laquelle se fonde ma traduction. [8] Dans les tableaux : Le nom du sujet de la notice est suivi du numéro de chap. entre parenthèses ; ce nom est en gras quand c'est le premier mot de la notice. Si c'est le nom d'un personnage secondaire qui commence la notice, ce nom est écrit en gras. Les personnages féminins sont en italique. Les noms des rois, reines et généraux étrangers sont soulignés. Les notices qui ne sont pas à leur ordre chronologique sont signalées par un astérisque placé avant le nom de leur sujet et suivi d'une flèche indiquant le sens du déplacement à effectuer. Les noms des dieux sont en petites capitales. Toutes les dates indiquées sont antérieures à notre ère ; jusqu'à la guerre de Pyrrhos, elles sont légendaires ou conjecturales. [9] Voir à ce sujet l'introduction de mon édition de l'Aide-Mémoire (CUF, 1993). [10] La perte de la deuxième décade de Tite-Live (livres XI-XX) qui couvraient la période 292-222 av. J.-C. empêche de vérifier l'hypothèse. [11] Cf. le tableau supra. [12] Sur ces problèmes, je me permets de renvoyer aux points de vue que j'ai développé dans mon livre, Histoire et politique à Rome..., Bréal, 2000. [13] De Oratore, 2,35, publié en 55 av. J.-C. [14] Je ne donnerai que deux exemples : Varron écrivit deux traités De Vita populi romani et De origine populi romani , trois livres d'Annales (sans doute un abrégé à caractère chronologique marqué), quinze livres d'Imagines ou Hebdomades, qui comportaient sept cents portraits de personnages célèbres, et un ouvrage sur les Familles troyennes, à savoir les gentes romaines qui se flattaient de remonter à Énée, ou à un de ses compagnons ; Atticus établit les généalogies des grandes familles romaines (les Iunii, Claudii Marcelli, Fabii, Aemilii) qui formaient une espèce d'annexe à son Liber Annalis. [15] Par exemple, les nombreux écrits sur Caton le Jeune, dont une partie seulement est connue : après le Contre Caton de Metellus Scipio, le Caton de Cicéron, écrit en mai 46 av. J.-C., était un éloge de la personnalité de Caton sur le mode traditionnel, tandis que le Caton de M. Brutus minimisait le rôle de Cicéron lors de l'affaire Catilina ; en réplique au Caton de Brutus, A. Hirtius écrivit en avril 45 à la demande de César, un Anti-Caton ; un mois plus tard, César écrivit lui-même un Anti-Caton, en forme de discours, qui répondait à l'éloge écrit par Cicéron en attaquant Caton sur le plan du caractère et de la vie privée. M. Fadius Gallus, un philosophe épicurien, ami de Cicéron, publia en sept. 45 av. J.-C., un autre Caton. [16] Ami et protégé d'Atticus, il avait une grande admiration pour Cicéron (v.100-29/27 av. J.-C.). [17] Ils ont été publiés par Lugli Fontes..., 6,1 (1965) p. 19-23 = Inscr. It. 13,3. Le plus complet est l'elogium de Marius (Fontes, 6,1, n°137 = Inscr. It. 13,3, n.17). |