Jules Laforgue
1860 - 1887
Les Complaintes
1885
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COMPLAINTEDU FTUS DE POÈTE
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Blasé, dis-je! En avant,Déchirer la nuit gluante des racines,À travers maman, amour tout d'albumine,Vers le plus clair! Vers l'alme et riche étamineD'un soleil levant!
– Chacun son tour, il est temps que je m'émancipe,Irradiant des Limbes mon inédit type!
En avant!Sauvé des steppes du mucus, à la nageTêter soleil! Et soûl de lait d'or, bavant,Dodo à les seins dorloteurs des nuages,Voyageurs savants!
– À rêve que veux-tu, là-bas, je vivrai dupeD'une âme en coup de vent dans la fraîcheur des jupes!
En avant!Dodo sur le lait caillé des bons nuagesDans la main de Dieu, bleue, aux mille yeux vivantsAu pays du vin viril faire naufrage!Courage,Là, là, je me dégage...
– Et je communierai, le front vers l'Orient,Sous les espèces des baisers inconscients!
En avant!Cogne, glas des nuits! Filtre, soleil solide!Adieu, forêts d'aquarium qui, me couvant,Avez mis ce levain dans ma chrysalide!Mais j'ai froid! An avant!Ah! Maman...
Vous, Madame, allaitez le plus longtemps possibleEt du plus Seul de vous ce pauvre enfant-terrible. |