François Villon
1431 - vers 1470
Louanges à la Cour(Requeste a Messeigneurs de Parlement)
1463
Texte:François Villon, OeuvresÉdition critique avec notices et glossairepar Louis Thuasne, Paris: Auguste Picard 1923Fac-similé: Internet Archive
|
|
__________________________________________________________________________________
|
|
Louanges à la Cour
Tous mes cinq sens: yeulx, oreilles et boche,Le nez, et vous, le sensitif aussy;Tous mes membres ou il y a reproche,En son endroit ung chascun die ainsy: | |
5 | «Souvraine Court, par qui sommes icy,Vous nous avez gardé de desconfire.Or la langue seule ne peut souffireA vous rendre souffisantes louenges;Si parlons tous, fille du souvrain Sire, |
10 | Meres des bons et saur des benois anges!»
Cuer, fendez vous, ou percez d'une broche,Et ne soyez, au moins, plus endurcyQu'au desert fut la forte bise rocheDont le peuple des Juifs fut adoulcy: |
15 | Fondez lermes et venez a mercy;Comme humble cuer qui tendrement souspire,Louez la Court, conjointe au Saint Empire,L'eur des Françoys, le confort des estranges,Procreee lassus ou ciel empire, |
20 | Mere des bons et seur des benois anges!
Et vous, mes dens, chascune si s'esloche;Saillez avant, rendez toutes mercyPlus hautement qu'orgue, trompe, ne cloche,Et de maschier n'ayez ores soulcy; |
25 | Considerez que je feusse transy,Foye, polmon et rate, qui respire;Et vous, mon corps, qui vil estes et pireQu'ours ne pourceau qui fait son nyt es fanges,Louez la Court, avant qu'il vous empire, |
30 | Mere des bons et seur des benois anges!
Prince, trois jours ne vueillez m'escondire,Pour moy pourveoir et aux miens adieu dire;Sans eulx argent je n'ay, icy n'aux changes.Court triumphant, fiat, sans me desdire, |
35 | Mere des bons et seur des benois anges! |