Balade du concours de Blois

(Ballade des contradictions)

1458

Texte:

François Villon, Oeuvres

Édition critique avec notices et glossaire

par Louis Thuasne, Paris: Auguste Picard 1923

Fac-similé: Internet Archive

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Balade du concours de Blois

Je meurs de seuf aupres de la fontaine,

Chault comme feu, et tremble dent a dent;

En mon païs suis en terre loingtaine;

Lez ung brasier frissonne tout ardent;

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Nu comme ung ver, vestu en president,

Je ris en pleurs et attens sans espoir;

Confort reprens en triste desespoir;

Je m'esjouÿs et n'ay plaisir aucun;

Puissant je suis sans force et sans povoir,

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Bien recueully, debouté de chascun.

Rien ne m'est seur que la chose incertaine;

Obscur, fors ce qui est tout evident;

Doubte ne fais, fors en chose certaine;

Science tiens a soudain accident;

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Je gaigne tout et demeure perdent;

Au point du jour dis: «Dieu vous doint bon soir!»

Gisant envers, j'ay grant paour de cheoir;

J'ay bien de quoy et si n'en ay pas ung;

Eschoitte attens et d'omme ne suis hoir,

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Bien recueully, debouté de chascun.

De riens n'ay soing, si mectz toute ma paine

D'acquérir biens et n'y suis pretendent;

Qui mieulx me dit, c'est cil qui plus m'ataine,

Et qui plus vray, lors plus me va bourdent;

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Mon amy est, qui me fait entendent

D'ung cigne blanc que c'est un corbeau noir;

Et qui me nuyst, croy qui m'ayde a povoir;

Bourde, verté, au jour d'uy m'est tout un;

Je retiens tout, rien ne sçay concepvoir,

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Bien recueully, debouté de chascun.

Prince clement! or vous plaise sçavoir

Que j'entens moult et n'ay sens ne sçavoir:

Parcial suis, a toutes loys commun.

Que sais je plus? Quoy? Les gages ravoir,

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Bien recueully, debouté de chascun.