Christine de Pizan
vers 1364 - vers 1431
L'Avision de Christine
La tierce partie
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XVIIIEncore de ce mesmes
Mais alons oultre pour dieu mercis savoir moult de quoy tu te peus clamer de dieu ne plaindre de fortune/ Et certes par ce que il me semble en toy appercois grant ingratitude/ et descognoiscence quant de foison biens et graces que par tant de fois ta faittes et fait chascun iour non pas seulement ne le remercies ains te reputes recepvoir tres grant tort comme se digne fusses non pas sanz plus se digne de mieulx avoir mais toutes choses a ton souhaid/ et que il soit vray avise toy avise quans grans benefices et dons de dieu si notables toy indigne as receus/ et chascun iour fais aux quelles choses se bien penser y veulz et sagement en toy discuter tu trouveras les adventures qui avenues au monde te sont que tu imputes a male fortune te sont propices et convenables meismement a lutilite de ton vivre au monde/ Et pour ton mieulx sicomme cy apres te monstreray mais ta sensualite te toit vraye cognoiscenceje avise que entre les autres prosperitez .iii. choses entre vous mondains sont/ que vous reputez comme les principales de voz joyes et gloires et sanz partie de ycelles .iii. ou toutes ie suppose que il nest quelconques richesce qui content feist cuer domine et quil nest si grant tresor des biens de fortune que cellui a qui elles faillent ne voulsist avoir donne se il lavoit pour posseder ycelles/ les .ii. sont hors soy et lautre en soy meismesla premiere est estre nez de nobles parens la quelle noblece ie entens des vertus/ la seconde avoir corps sanz nulle deformite/ et assez plaisant sanitif et non maladis/ mais bien complexionne et de competant discrecion/ et entendement/ la tierce ioye qui nest mie petite avoir enfans beaulx et gracieux au monde de bonne discrecion et de bonnes meurs et craignans dieu. O femme avises ton ingratitude/ Es tu donques exante de celles belles graces avec maintes autres que dieux ta donnees, il semble que oublie ayes comment il test/ quant si meseureuse te reputes/ est il femme au iour dui que tu cognoisces plus glorieuse de parens que tu es/ ne te souvient il de la dignete de nostre noble philosophe ton pere qui de noz estudes tant estoit famillier que nous seyons en la chayere avecques lui devisant de noz secres/ et pour lacointance de nostre industerie fu en son temps repute le suppellatif en noz sciences speculatives/ et avec ce vray catholique comme tousiours et a sa fin paru et si vertueux que ie men raporte a toy que plus prisiez seulement/ et plus te proffite la ruminacion de son savoir qui demeuree test que quelconques avoir non obstant que ten plaignes que il te peust avoir laissie pense se contente de ce bien te dois tenir. Que diray ie de ta tres noble mere sces tu point de femme plus vertueuse remembre toy depuis sa ionece jusques au iour duy se vie contemplative constamment ou service de dieu quelque occupacion que elle oncques eust la nul iour laissiee ie croy que non. O quel noble femme comme sa vie est glorieuse comme de celle que nulle tribulacion oncques ne suppedita ne brisa par impacience son tres noble courage et quel exemple de vivre en toute vertu pour toy se tu bien ty mires avise combien grant grace dieu te fait encore avec tout de si noble mere laisser vivre en ta compagnie en sa vieillece pleine de tant de vertu et quantes fois elle ta reconfortee/ et ramenee de tes impaciences a cognoistre ton dieu/ et se tu te plains que peine souffre ton cuer pour ce que vers elle te semble ne peux faire comme il appertient. je te dis ce vouloir avec la pacience est meritoire a toy et a elle/ et de elle sanz faille la digne conversacion et vie esleve le fait estre clere entre les femmes Cest chose notoire et tres beneuree Item quant au second/ en tes biens ne ta par ta foy dieu donne corps fort assez/ et bien complexionne selon ta qualite lui en peux tu rien demander se tu ne varies/ Si gardes que de tel entendement que il y a mis bien en uses/ Ou se non mieulx te vaulsist moins avoir sceu/ Ce que touche a la tierce ioye/ nas tu enfans beaulx gracieux et de bon sens ton premier fruit qui est une fille donnee a dieu et a son service rendue par inspiracion divine de sa pure pure voulente/ et oultre ton gre en leglise et noble religion de dames a poyssi/ Ou elle en fleur de ionnece et tres grant beaute se porte tant notablement en vie contemplative et devocion/ que la ioye de la relacion de sa belle vie souventes fois te rend grant reconfort Et quant de elle meismes tu recoips les tres doulces et devotes lettres discretes et sages que elle tenvoye pour ta consolacion/ esquelles elle ieunette et innocente te induit et amonneste a hair le monde et desprisier prosperiteNas tu un filz aussi bel et gracieux et bien morigine/ et tel que de sa ionesce qui ne passe .xx. ans du temps que il a estudie en noz premieres sciences en gramaire on ne trouveroit ne rethorique et poetique language naturelment a lui propice gaires plus abte/ et plus soubtil que il est avec le bel entendement et autre bonne intiquative que il a. Et que ie ne mente es choses dittes assez sont manifestes si que chascun le peut veoir non pas ie te dis pour toy induire a vaine gloire mais affin que graces rendes a cil dont tout bien vient qui ta donne les ditz biens et mains autres/ et lesquelz fortune ne donne mie/ mais lui de sa pure grace especiale a qui il lui plaistDes autres complaintes que tu fais de tes amis germains que tu ne vois et qui de toy sont loings ne fais compte, car comme ce monde cy ne soit que un trespas dois esperer que par les prieres de la bonne mere et la preudommie deulx serez par la misericorde de dieu conduis en la cite de ioye/ Cest la sus ou ciel se dieu plaist vous entreverrez perpetuelment |