Christine de Pizan
vers 1364 - vers 1431
L'Avision de Christine
La première partie
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XXIIPiteuses paroles de la dame couronneeet recors de la sainte escripture
A doulce amie et ma chiere nourrie/ et quant ie scay que dieux est iuste ne dois ie penser que a tousiours pas ne dissimulera la paye de sa droitture. ne fait il grace quant la conversion qui trop retarde attent sa misericorde mais sicomme naturelment la mere amoureuse de sa porteure non obstant vices quelle y voye ne met en oubli lamour maternelle redoubte par desserte veoir la ruine de ses filz ainsi souspirant et lacrimeuse/ crainte et paour en freour me tient de soubdaine vengence. helas nay ie cause de penser la figure de ma ruine en ce quil est escript ou XVe chapitre du livre des roys/ que comme dieu de loy divine repreuve ceste ditte vicieuse guespe sicomme sa contraire/ pour ycelle et a sa cause debouta saul roy que elle avoit aluche/ lors que il lot envoyee en bataille contre le roy de amalech. si lui avoit deffendu'que homme ne prensist a reencon mais tout meist a lespee comme omble pecheur/ et de dieu reprovez ne vouloit plus sa vie ne que des despouilles retenist aucune chose. Mais comme saul mieulx amast obeir a ceste *desloiale sans- sue qui lui commandoit le contraire/ que au commandement de dieu nen fist riens. Ains se voult engraissier des fausses pastures de dieu vees/ et espargna le dit reprouve roy pour laquel chose dieu appella samuel le prophete disant je me repens davoir ordene sus mon peuple saul roy. Dont comme le dit prophete reprensist saul dycelle forfaitture/ se voult excuser disant que les despouilles que faittes avoit cestoit en entencion de a dieu les sacrefier de la quel chose respondi le prophete. Mieulx vault obedience que sacrefice/ et pour tant que par croire lamonicion de la rappineuse as desobei tu seras deboute de ton royaume/ Et adonc le prophete le deposa et en oingny david a royha chiere amie et doy ie penser que dieu dorme ne vois ie le temps que contre ses commandemens sont espargnes ses iustices sur les mauvais de droit divin condampnez a punicion. Mais quilz aient pasture pour ficher en la gueule de la fausse/ adonc tout est acoisie mais voirs est quilz sexcusent daucune fausse couleur de bonte faisant leur malefice. vois tu tout commandement de loy mis arriere pour elle paistre et nourrir sanz nulle espargne que diray ie doncques se ie nay paour que dieu soit muable qui ne puet estre/ et sil ne lest pour quoy ne me touche cest figure par semblable cas nen voye les apprestes. car bien est fol cil qui mal fait et bien espoire. ne sont les estranges aussi attes a recepvoir nouvelles proyes comme ils souloient/ Et tout ainsi comme cellui qui se sent coulpable ne vid sans le runge de conscience le rend paoureux la paour de punicion ne de lui ne departEncore ad ce propos des malefices de ceste damp*nee/ ne parla doncques a moy jhesucrist en la parabole de la vigne sicomme il dist en leuvangile des faulx coultiveurs les quelz comme ilz fussent de la mesnie de ceste douloureusse par envie davoir leritage noccirent ilz les loyaulx messages iustement demandeurs des fruis. Et comme ceste fellonnie engrigast semblablement nespargnerent leurs glaives le droit heritier: mais comme la sentence divine les despoullast pour yceulx criames de toute possession/ et en revetist estranges coultiveurs les miens cheus en la meismes fosse ne doy ie doubter la meismes sentence car comme le souverain maistre establis les eust coultiveurs de ma vigne pour bon compte en avoir nont ilz occis les messages demandeurs des fruis. Cest assavoir les causes de mon exaltacion/ Et qui plus est le droit heritier cest le loz de grace qui tousiours iusques a ore ma possedee Mais tout ainsi que la femme enceinte laquelle non obstant le desir de veoir le fruit de son ventre hors de soy a sauvete ressongne la doulour du temps de lenfantement pareillement non obstant la ioye de lesperance du bon reparreur avenir que dieu ma promis ie ressongne le mal par ou convient que ie passe ains que gy aviengne |