Christine de Pizan
vers 1364 - vers 1431
L'Avision de Christine
La première partie
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VILa comlainte de la damecouronnee a Christine
Adonc parlant en tel maniere dist ainsi chiere amie amaresse du cultivement de mon bien comme il soit de neccessite en nature que tout cuer amant desserve estre amez drois est que ton bon desir te soit valable Et comme il fust affectueux de macointance les bons vouloirs de lui soient ottroyez. amie a qui dieu et nature ont concede oultre le commun ordre des femmes le don damour destude/ aprestre parchemin ancre et plume et escrips les paroles yssans de ma poitrine. car a toy me vueil ie du tout manifester. Et me plaist qua tes sages bien vueillans faces dor en avant present des memoires escriptes de ma dignete. cest chose nottoire qua cil qui bien se vuelt declairier apartient quil speciffie son premier principe. si commenceray a lintroite de mes gestes/ te narrant ma premiere venueou temps du second aage lors que la lignee neptunisregnoit en marche chevalereuse es habitacions aysiees quant pour cause de la fille electte transportee par le pastour mescogneu. vindrent les hoirs des fremis chevauchans chevaulx de bois a tout force darmes/ *furent par lescu de barat a la fin vaincueursAdonc dycelle terre fu errachie larbre dor que les dieux anciens selon les chancons des pouetes avoient reserve pour leur gloire du quel la hautece de lombre sespandoit jusques sus les contrees longtanies. si fus lors par estrange fortune favorable a ycelle fremiere desireuse de vengence. ars destruis et mis en cendre. Mais non obstant le furieux desir malin dyceulx fremis furent aucuns cultiveurs desireux de noble semence veant la persecucion de la noble plante qui par soubtil art emblerent et de leurs mains ravirent en asses quantite des vergetes et des gittons cuieillis sur le hault sommeton dycellui seigneuri noble arbre. Et comme le dieu pelagus fust consentant dycel larrecin leur donna voye et passage par sa terre. si se transporterent espandans en diverses contrees es quelles par grant dignete les planterent en maint vergiers et firent greffes de nouvelles entes que fort ilz cloirent despineuses haies pour ovier aux loisirs des rappineux / Et ainsi maigre les influences fortunees fu renouvellee en plusieurs lieux la haulte plante dont puis une vergete tant creut es marches deurope en la terre Latine que la hautece delle obombra tout le monde et preceda sanz comparoison sa premiere racine. |