Theséus de Cologne
vers 1370
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Theséus de Cologne
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Laisse X
Quant le Roy cornmanda la mort de l'enfant, | |
Ph. f.6a | Il avoit ja dix ans, se trouvons nous lisant.Quatre escuiers l'ont prins, baillé a un sergent,Et au sergent si dirent qui ceur ot de tirant: |
325 | «Aporte Theséus après nous vistementAu dehors de Coulongue au bois verdoiant,La le mectroris a fin., n'y ara nul garant.Car faire nous fault [y] du Roy le commant.»Et sil a respondu: «Vous alez bien. parlant.» |
330 | [I]l a prins Theséus et si le va portant.[Il a] l'enfant troussé sus son cheval courant,[Dont lu]i dit Theséus: «Ou me vas tu menant? |
L. f.6a. | Je croy que tu me vas d'un faulx tour jouantPour me faire mourir, je m'eni vois doubtant, |
335 | Pour ce se je suis lait m'ira. on. essillant.»[«Ouil,»] dit le varlet en lui fort rechinant,«Tu dis voir, Theséus, tu as si lait semblant,Que le Roy ne dit point que soye son enfant,Ancois es filz du nain c'on nom Cornicant |
340 | Que nous ferons morir quant yrons retournant.»Quant Theséus l'ouyt, si va Ia main levant,Tel coup fiert le gLouton ou wisaige devant,Que par bouche et par nez lui va le sang courant.Quant cil sentit le coup, haultement va criant, |
345 | Et les quatre escuiers y sont venus courant.Il ont dit: «Ha, garson!» haultement en oyant,Pour quoy vas tu telle vie menant?»«Seigneurs,» dist le varlet, «s'est le bastart puantQui ainsi m'a feru, dont j'ay le cuer dolent.» |
350 | Et Theséus lui dit: «Tu en aras autant!Ne suis mie bastart! Vous y alés mentant!»Il a le poing levé, tel coup lui va baillantQu'en la bouche lui va deux [de ces] dens brisant.Dirent les escuiers: «Vecy hardy enfant! |
355 | C'est pitié qu'il a ung corps si meschant.»Et l'autre si respond: «Il se va bien monstrantY tel come il doit estre, je le vois affermant,Bastard doit estre fier, de cuer entreprenant.»«Glouton, vous y mentés tres mauvaisement. |
Ph. f.6b | Ne suis mie bastart par Dieu omnipotentMais on fait a mon pere faulceté entendantEt mesdit ma mere par mauvais couvenant.Et Dieu le Roy des cieulx en vueille faire tantC'on en voye en la fin le fait veritablement!» |
L. f. 6b | Quant les escuiers vont Theséus escoutant,Ils dient l'un a l'autre: «Il a le cuer sachantPitié est qui la fault morir maintenant!»«Non est,» dist Theséus, «se j'aloie eschapant,Je feroye le cuer de mon pere dolent. |
370 | Pour ce ayme mieulx morir que pecher plus avant.» |